A la veille d'une journée de mobilisation contre ce projet, François Hollande a dit depuis Venise avoir l'espoir d'"éviter les ruptures" sur cette réforme.
"Voilà pourquoi je pense qu'il faut laisser le temps de la concertation, le temps de la discussion, et que le temps de la décision viendra", a-t-il déclaré.
De son côté, le Premier ministre a reçu mardi soir Carole Couvert (CFE-CGC), puis Pierre Gattaz, le patron du Medef, en présence des ministres Myriam El Khomri (Travail) et Emmanuel Macron (Économie).
Il s'est ensuite rendu dans la soirée à un séminaire spécial des députés socialistes, dont beaucoup ont menacé de ne pas voter le projet de loi en l'état et réclament "des améliorations".
La veille, Myriam El Khomri a eu droit à une longue et houleuse discussion au Bureau national, instance dirigeante du PS, où Martine Aubry a déclaré qu'il y avait "beaucoup, beaucoup de choses à modifier" dans ce projet "extrêmement dangereux".
Le gouvernement aura mercredi une première indication de la mobilisation: au moins 140 manifestations et mouvements grèves sont prévus dans toute la France, à l'appel d'organisations de jeunesse, mais aussi de syndicats dont FO et la CGT.
"On rentre dans un bras de fer", a estimé le dirigeant de Force Ouvrière, Jean-Claude Mailly auprès de l'AFP: "Bien malin celui qui va écrire le scénario sur les semaines à venir".
"Je vois les difficultés. Mais ce que je crois, c'est qu'il faut avancer, expliquer, réformer", a dit Manuel Valls devant le groupe PS au Sénat, selon un participant.
Avec cette réforme du droit du travail, le gouvernement espère répondre au chômage de masse en rendant le marché plus "flexible", mais syndicats et politiques dénoncent un texte trop favorable aux entreprises et pas assez protecteur pour les salariés.
- "Un retrait serait dramatique" -
Mais M. Gattaz a prévenu qu'il n'était pas question de "dénaturer" le texte initial avec "des demi-mesures". "Il faut avancer, il faut continuer, je crois qu'un retrait serait dramatique pour le pays, pour l'économie du pays, et surtout pour le chômage", a-t-il insisté.
"On dit que c'est la loi des patrons. Non!", a-t-il encore affirmé.
Les syndicats ne l'entendent pas de cette oreille et demandent, entre autres, le retrait de l'introduction d'un plafonnement des indemnités prud'homales versées en cas de licenciement abusif, qui atteindrait au maximum 15 mois de salaire pour un salarié ayant au moins 20 ans d'ancienneté.
Carole Couvert, présidente de la CFE-CGC, a assuré mardi que Manuel Valls réfléchissait plutôt à une augmentation du plafond, et pas à un retrait, pourtant "condition sine qua non" pour la CFDT, partenaire privilégié de l?exécutif.
Les syndicats s'inquiètent également de la précision des critères du licenciement économique, qui pourraient entraîner selon eux une augmentation des licenciements abusifs et favoriser le dumping social en Europe.
Deux stratégies s'affrontent: les syndicats réformistes (CFDT, CFTC, CFE-CGC, Unsa) réclament des améliorations au texte, notamment un meilleur encadrement de l'apprentissage, du forfait-jour, des astreintes, ou la primauté du rôle de la branche dans les accords sur le temps du travail. Les syndicats contestataires (CGT et FO) exigent, eux, le retrait du texte.
Quant au patronat, il s'inquiète de la création du compte personnel d'activité qui, lui, est salué par les syndicats.
Le texte devait initialement être présenté en conseil des ministres mercredi, mais face à la fronde des syndicats et d'une partie de la gauche, un report a été décidé au 24 mars.
Lundi, Manuel Valls est resté discret sur ses intentions, se contentant d'écouter les doléances de Philippe Martinez (CGT), Laurent Berger (CFDT), Jean-Claude Mailly (FO), Philippe Louis (CFTC) et François Asselin (CGPME).
Tout juste a-t-il redit à ses interlocuteurs que "des choses pouvaient bouger". Les réponses précises aux revendications des syndicats et du patronat sont attendues le 14 mars.
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