Le sort du Boeing 777, volatilisé peu après son départ de Kuala Lumpur pour Pékin avec 239 passagers à bord, reste un mystère, a indiqué mardi un rapport d'enquête.
En Chine, le désespoir des parents est accentué par la politique de limitation des naissances, qui pendant 30 ans a contraint des centaines de millions d'entre eux à placer tous leurs espoirs sur un seul descendant -- aujourd'hui disparu.
Malgré leur peine, des dizaines de proches se sont résolus, parfois à contrec?ur, à déposer plainte avant la date fatidique des deux ans, expiration du délai légal pour effectuer une telle démarche dans les affaires d'accidents aériens.
Aux Etats-Unis, 43 proches de victimes-- pour la plupart Chinois -- ont déposé plainte à New York, et en Chine même, 12 ont entamé lundi une action similaire à Pékin contre la compagnie aérienne, Boeing (constructeur de l'appareil), Rolls Royce (motoriste), et des compagnies d'assurance.
La plupart des proches chinois sont retraités, une période en Chine où ils font traditionnellement l'objet des soins attentionnés de leur seul enfant.
"J'ai uniquement été autorisée à avoir un fils", soupire Lin Xiaolan, 51 ans.
"Et face à un tel événement, comment peut-on parler de compensation?"
Gynécologue à Xining, dans la province du Qinghai (nord-ouest), elle a "un sixième sens de mère" lui assurant que son fils Lin Annan, 27 ans à l'époque, est toujours vivant.
Elle en est certaine, Malaysia Airlines est impliquée dans une opération de dissimulation, probablement "un jeu politique entre pays".
"La plainte n'est pas pour obtenir de l'argent, mais justice pour nos enfants, et la vérité."
- Théories du complot -
Les opérations de recherches, débutées en mer de Chine méridionale, se sont déplacées vers l'Océan indien, sur la base d'informations radars indiquant que l'avion avait bifurqué de sa trajectoire initiale.
L'appareil aurait continué sa route vers le sud pendant quelque quatre heures, puis, à court de carburant, se serait officiellement abîmé en mer.
L'Australie dirige les recherches dans le sud de l'Océan indien, dans les profondeurs d'une vaste zone de 120.000 kilomètres carrés.
L'enquête n'a cependant rien donné, en dépit de la découverte d'une pièce de l'avion sur l'île de la Réunion.
Les théories du complot, elles, offrent aux proches une forme de soutien: "Vous vous sentez impuissant, vous ne savez pas ce qui s'est passé, et vous cherchez des moyens de l'expliquer", déclare à l'AFP Karen Douglas, professeur de psychologie à l'Université du Kent.
Gao Xianying, 65 ans, dont la fille, le gendre et la petite-fille de 3 ans étaient à bord, a déménagé de la province de l'Anhui (est) à Pékin (nord), pour protester quotidiennement devant les bureaux de la Malaysia Airlines, les ambassades de Malaisie ou des Etats-Unis, ou le ministère chinois des Affaires étrangères.
"Pendant des jours, je peux faire le même rêve: ma fille qui rentre à la maison et m'appelle +maman+", raconte-t-elle les yeux embués de larmes.
"Je vivais le plus bel âge de ma vie. J'avais bien élevé ma fille, je l'avais mariée. Mais désormais, toute ma vie est bouleversée. Je vis, mais préférerais être morte".
- 'Vendu leur enfant' -
La plupart des passagers du MH370 représentaient la principale source de revenus de leur famille et laissent leurs proches dans une situation difficile.
Wen Wancheng, retraité de 65 ans dont le fils de 35 ans a disparu, a dû emprunter pour soutenir sa bru et ses deux petits-enfants, âgés de 3 et 9 ans.
"Ses enfants sont si jeunes. Une des choses les plus dures, c'est la pression financière", dit-il.
Selon des avocats, Malaysia Airlines a proposé aux familles chinoises des indemnisations de 2,52 millions de yuans (352.000 euros) par passager.
La compagnie avait annoncé en février le versement d'"indemnisations complètes" à 42 proches, sans fournir de précisions.
Mais Wen Wancheng juge avec dédain ceux qui ont accepté l'argent. "En gros, ils ont vendu leur enfant. Ils ne valent pas mieux qu'un voleur".
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