Les exportations du géant asiatique, principale puissance commerciale de la planète, ont dégringolé le mois dernier de 25,4% sur un an à 126,1 milliards de dollars, ont annoncé les douanes chinoises.
Ce plongeon spectaculaire, le plus fort enregistré depuis mai 2009, a surpris les marchés: les analystes sondés par l'agence Bloomberg anticipaient un repli --déjà important-- de 14,5%, après une chute de 11,2% en janvier.
Alors que le commerce extérieur reste un pilier de son modèle économique, la Chine pâtit de "l'affaiblissement du commerce international" et d'une demande sans éclat de ses partenaires commerciaux, commentaient les experts de la banque ANZ.
A l'inverse, le vif ralentissement économique de la Chine n'en finit plus de plomber ses importations.
Celles-ci ont chuté de 13,8% en février à 93,6 milliards de dollars, s'enfonçant pour le 16e mois consécutif. Le repli est plus fort qu'attendu et plus marqué qu'en janvier (-18,8%).
Au final, l'excédent commercial chinois a fondu le mois dernier de 46% sur un an à 32,6 milliards de dollars: moitié moins que le niveau record enregistré en janvier.
- Impact du Nouvel an -
Certes, l'effondrement des exportations s'explique en grande partie par les longs congés du Nouvel an lunaire, intervenus bien plus tôt cette année qu'en 2015, d'où une base de comparaison défavorable.
Mais même s'il y a des reports dus au Nouvel an, "il n'en reste pas moins que la demande extérieure s'avère particulièrement terne", insistait Yang Zhao, analyste de Nomura.
Et de pointer une nette aggravation: sur les mois de janvier et février cumulés --ce qui gomme les distorsions du Nouvel an--, les exportations ont chuté de presque 18% sur un an... contre un fléchissement de seulement 1,4% en décembre.
Les douanes ont mis en exergue le déclin drastique des "exportations de produits (manufacturés) à forte intensité de main d'oeuvre, dont les appareils électriques et mécaniques".
Et la nette dépréciation du yuan peine visiblement à renforcer la compétitivité des exportateurs chinois, mise à mal par le renchérissement des coûts du travail dans le pays.
Signal alarmant: les échanges de Pékin avec ses principaux partenaires boivent la tasse. Sur janvier-février, les exportations chinoises (en yuans) vers l'Union européenne ont baissé de plus de 10%, celles vers les Etats-Unis de presque 11%.
- Demande sous pression -
Le niveau des importations est, lui, pénalisé par la débâcle des cours des matières premières, du pétrole aux métaux, qui fait mécaniquement baisser les montants importés, alors que la Chine en reste une grande consommatrice.
Les prix extrêmement bas du pétrole brut ont d'ailleurs encouragé Pékin à muscler ses achats en février, avec des importations en hausse de 19% sur un mois.
Et "en termes de volumes, les importations de matières premières industrielles restent relativement robustes" en glissement annuel, tempérait Julian Evans-Pritchard, du cabinet Capital Economics, avec notamment un bond de la demande de cuivre.
Pour autant, le tableau économique chinois reste sombre: l'activité manufacturière a connu en février sa plus forte contraction depuis quatre ans, l'industrie ploie sous de sévères surcapacités, et les investissements immobiliers marquent le pas.
La Chine avait enregistré en 2015 sa plus faible croissance économique depuis un quart de siècle, et son commerce extérieur s'était déjà contracté de 8% sur l'ensemble de l'année, très loin de l'augmentation de 6% que visait Pékin.
Prudent, le gouvernement s'est bien gardé de dévoiler pour 2016 un nouvel objectif, se contentant d'anticiper "une croissance robuste des volumes importés et exportés".
Mais pour y parvenir, la Chine devra encore intensifier ses efforts de relance de manière à stimuler sa demande intérieure, estime Yang Zhao --qui table sur deux nouvelles baisses de taux d'intérêts cette année.
Pékin doit également faire face à de colossales fuites de capitaux, alimentées par les inquiétudes sur la conjoncture, la glissade du yuan et les turbulences boursières.
Ces sorties de yuans hors du pays sont notamment camouflées par des surfacturations d'exportations, afin de contourner les restrictions sur les mouvements de capitaux.
Le stratagème est toujours employé en dépit du récent durcissement des contrôles, à en croire les douanes: elles ont annoncé mardi avoir découvert qu'un exportateur de faux cils avait déclaré à l'administration une valeur cinq fois supérieure à sa cargaison.
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