A l'issue d'un premier round de consultations lundi, le Premier ministre a redit à ses interlocuteurs que "des choses pouvaient bouger" mais syndicalistes et petits patrons sont restés dans l'expectative, les réponses précises étant renvoyées à une "restitution" le 14 mars.
FO et CGT ont de nouveau réclamé l'abandon du texte, la CFDT le retrait du plafonnement des indemnités prud'homales, entre autres, et les petits patrons (CGPME) le maintien de l'"élan réformateur" du texte.
Dans ce chantier complexe, Manuel Valls "cherche la voie", a assuré François Asselin, président de la CGPME, qui a conclu les rencontres lundi.
Le Premier ministre a reçu lundi avec les ministres Myriam El Khomri (Travail) et Emmanuel Macron (Économie) les numéros un des syndicats CFTC, FO, CGT, CFDT.
"Il y a une vraie volonté de réformer, ils tiennent à leur texte, à l'élan réformateur du texte", a ajouté M. Asselin.
Mais l'exercice est difficile car les syndicats agitent deux chiffons rouges: les règles du licenciement économique et le plafonnement des indemnités prud'homales, deux demandes du patronat, sur lesquelles M. Valls a promis dimanche des "améliorations".
Le numéro un de la CFDT Laurent Berger, dont le soutien à la réforme est crucial pour l'exécutif, a insisté sur le retrait du plafonnement des indemnités prud'homales (15 mois de salaires maximum pour 20 ans d'ancienneté), "une condition sine qua non".
Toutefois, ce retrait, réclamé par tous les syndicats, ne semble pas à l'ordre du jour, a assuré Philippe Louis (CFTC) après sa rencontre avec M. Valls, même s'il a noté des "ouvertures".
Par exemple, le projet initial de la loi El Khomri accorde la primauté à l'accord d'entreprise sur la branche pour le temps de travail, ce que les syndicats rejettent. Or, "j'ai senti qu'on pouvait réguler au niveau de la branche certaines négociations qui n'auraient pas abouti au niveau de l'entreprise", a salué M. Louis.
- "Plat de lentilles" -
FO et la CGT, reçues ensuite, n'ont pas changé de ligne. Philippe Martinez, numéro un de la CGT, a réclamé "le retrait" du projet.
Même attitude chez FO: "Je ne négocie pas un plat de lentilles, on veut le repas complet", a taclé Jean-Claude Mailly, secrétaire général du syndicat, menaçant d'actions autres que celles déjà programmées les 9 et 31 mars.
La CFDT a pour sa part maintenu son appel à des "rassemblements" le 12, avec la CFE-CGC, l'Unsa et la CFTC.
Côté patronat, la CGPME a ouvert le bal à 16H30 et redit ses réticences sur le Compte personnel d'activité, dont la création est applaudie par les syndicats: "on n'en connaît pas le coût, ça fait beaucoup d'incertitudes", a dit M. Asselin.
Les concertations se poursuivront mardi avec la CFE-CGC (cadres) et le Medef, et mercredi avec l'UPA et l'Unsa, avant la réunion plénière du 14 mars.
Ce projet de loi, dont la présentation en conseil des ministres a été repoussée du 9 au 24 mars pour laisser au gouvernement le temps de le "retravailler", est censé répondre au chômage de masse et à la précarité, comme l'a redit lundi Emmanuel Macron. Il est jugé trop favorable aux entreprises par les syndicats et une partie de la gauche.
Face à la nouvelle journée de grèves et manifestations prévue mercredi, 58% des Français, à l'image de l'ancien ministre du Travail Xavier Bertrand (Les Républicains), voient déjà le mouvement prendre autant d'ampleur que la fronde anti-CPE (contrat première embauche) il y a dix ans, selon un sondage.
La contestation est forte aussi dans les rangs du Parti socialiste, et le Premier ministre devra convaincre les députés de son propre parti, réunis mardi soir pour un séminaire spécial.
Auparavant, Myriam El Khomri aura lundi soir la lourde tâche d'aller défendre son texte devant le bureau national du parti.
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