Le Premier ministre a reçu lundi matin Philippe Louis (CFTC), puis Jean-Claude Mailly (FO) et Philippe Martinez (CGT) avec les ministres Myriam El Khomri (Travail) et Emmanuel Macron (Économie).
"Nous avons eu des débats francs, directs, constructifs avec, je pense, une unanimité sur le fait qu'il faut que notre pays puisse se réformer, puisse réformer le droit du travail", a commenté la ministre du Travail. "Il n'y a pas, bien sûr, d'unanimité sur les réponses à y apporter", a-t-elle ajouté.
Les syndicats agitent deux chiffons rouges dans la loi controversée: l'extension du licenciement économique et la création d'un plafond pour les indemnités prud'homales. M. Valls a promis dimanche des "améliorations" sur ces deux points.
Toutefois, le retrait que réclament tous les syndicats ne semble pas à l'ordre du jour, a assuré M. Louis après sa rencontre avec M. Valls.
Or, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, insiste: "pour la CFDT, retirer le barème est une condition sine qua non", a-t-il dit à son arrivée à Matignon.
Le numéro un de ce syndicat, interlocuteur privilégié du gouvernement, est arrivé avec un dossier proposant "des modifications substantielles" (critères de licenciement économique revus, compte personnel d'activité étoffé, apprentissage).
Le président de la CFTC a noté des "ouvertures". Le projet initial de la loi El Khomri accorde la primauté à l'accord d'entreprise sur la branche pour le temps du travail, ce que les syndicats rejettent. Sur ce point, "j'ai senti qu'on pouvait réguler au niveau de la branche certaines négociations qui n'auraient pas abouti au niveau de l'entreprise", a dit M. Louis.
FO et la CGT, reçues ensuite, n'ont pas changé de ligne. Philippe Martinez, numéro un de la CGT, a réclamé "le retrait" du projet.
Même attitude chez FO : "Je ne négocie pas un plat de lentilles, on veut le repas complet", a taclé Jean-Claude Mailly, secrétaire général du syndicat, menaçant d'actions autres que celles déjà programmées les 9 et 31 mars.
Côté patronat, la CGPME est attendue à 16H30. Ces concertations se poursuivront mardi avec la CFE-CGC (cadres) et le Medef, et mercredi avec l'UPA et l'Unsa, avant une réunion plénière le 14 mars.
La marge de manoeuvre est étroite pour le gouvernement, désireux de ne pas braquer le patronat qui a déjà mis en garde contre un "affadissement" de la réforme.
- 'Rendre le système efficace' -
Le Premier ministre s'est dit déterminé à faire voter le texte au Parlement "avec les amendements nécessaires".
Les concertations avec les partenaires sociaux sont l'occasion pour le chef du gouvernement de "rappeler la philosophie de cette réforme qui rend notre système plus efficace, plus juste", a dit Emmanuel Macron. Il doit aussi répondre à la "précarité" des salariés, alors que "neuf contrats sur dix sont des CDD ou de l'intérim", a-t-il ajouté.
Ce projet de loi, dont la présentation en conseil des ministres a été repoussée du 9 au 24 mars pour laisser au gouvernement le temps de le "retravailler", est censé répondre au chômage de masse. Il est jugé trop favorable aux entreprises par les syndicats et une partie de la gauche.
Face à la nouvelle journée de grèves et manifestations prévue mercredi, 58% des Français voient déjà le mouvement prendre autant d'ampleur que la fronde anti-CPE (contrat première embauche) il y a dix ans, selon un sondage.
La forte mobilisation, notamment des lycéens et étudiants, avait alors conduit le gouvernement Villepin à reculer.
Dimanche, l'ancien ministre du Travail Xavier Bertrand (Les Républicains) s'est lui aussi demandé si cette "affaire" n'allait pas "finir en CPE".
La contestation atteint les rangs du Parti socialiste, et le Premier ministre devra convaincre les députés de son propre parti, réunis mardi soir pour un séminaire consacré au projet de loi.
Auparavant, Myriam El Khomri aura lundi soir la lourde tâche d'aller défendre son texte devant le bureau national du PS.
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