Les patrouilles terrestres et aériennes vont être renforcées le long de la frontière commune avec la Libye, où le chaos a permis aux jihadistes du groupe Etat islamique (EI) de prospérer, ont annoncé les autorités tunisiennes.
Les attaques, perpétrées à l'aube, ont visé une caserne de l'armée, un poste de police et un poste de la garde nationale (gendarmerie) tunisiennes à Ben Guerdane, une localité de quelque 60.000 habitants située tout près de la Libye.
Dans un bilan encore provisoire, les ministères de la Défense et de l'Intérieur ont indiqué que 28 jihadistes, six gendarmes, deux policiers, un douanier et un soldat avaient péri dans les affrontements. Au moins sept civils ont également tués dans des circonstances non précisées.
Le nombre total de jihadistes impliqués n'est pas connu, pas plus que leur identité, mais les autorités ont souligné que des opérations étaient toujours "en cours pour pourchasser les terroristes".
"La Tunisie est sur la voie de la victoire contre ces groupes", a clamé le porte-parole du gouvernement, Khaled Chaouket, sur la TV publique Wataniya.
- Couvre-feu -
Un couvre-feu a été instauré à Ben Guerdane de 19H00 à 05H00 du matin, et le Premier ministre tunisien Habib Essid, qui s'est entretenu avec le président Béji Caïd Essebsi, a appelé les habitants à la "vigilance".
Les établissements publics étaient fermés d'après des témoins, tandis que les forces de l'ordre patrouillaient dans les rues et incitaient par haut-parleur les citoyens à rester chez eux, selon un correspondant de l'AFP sur place. Des soldats montaient la garde du haut de certains toits.
Des images sur internet montraient des habitants observant et applaudissant les soldats. "Vive la Tunisie! Dieu est grand!", criaient-ils alors que retentissaient toujours des tirs.
Une des victimes civiles est un adolescent de 12 ans, a dit à l'AFP Abdelkrim Chafroud, responsable de l'hôpital de la ville.
Outre la fermeture des postes-frontières pour une durée indéterminée, les autorités avaient également bouclé en matinée la route côtière reliant Ben Guerdane à Zarzis (nord).
La Tunisie est confrontée depuis sa révolution de 2011 à l'essor d'une mouvance jihadiste responsable de la mort de dizaines de policiers et de soldats ainsi que de touristes.
Cette attaque simultanée contre des installations sécuritaires, d'ampleur inédite, intervient moins d'une semaine après de premiers heurts armés dans cette même région.
- Raid américain contre l'EI -
Cinq extrémistes venus de Libye, retranchés dans une maison, avaient alors été tués par des unités de l'armée, de la garde nationale et de la police. Un civil était également mort d'une balle perdue, et un commandant blessé.
Au moins quatre des extrémistes étaient de nationalité tunisienne, d'après les autorités, qui avaient dit avoir mis la main sur un arsenal (Kalachnikov, ceintures explosives, munitions et "grenades artisanales").
Le ministère de l'Intérieur avait de son côté évoqué la possible entrée sur le sol tunisien de "groupes terroristes", à la suite d'un raid américain le 19 février contre un camp d'entraînement du groupe Etat islamique (EI) à Sabrata, dans l'ouest libyen, à moins de 100 km de la frontière tunisienne.
Ce bombardement américain avait fait des dizaines de morts, parmi lesquels aurait figuré Noureddine Chouchane, un Tunisien décrit comme un cadre opérationnel de l'EI impliqué dans deux des attaques perpétrées en 2015 en Tunisie, contre le musée du Bardo à Tunis (22 morts) et près de Sousse (38 morts).
Si le profil des assaillants tués mercredi n'est pas connu, "des mouvements suspects étaient rapportés depuis le raid de Sabrata et on sentait bien que l'EI chercherait à se venger", a dit à l'AFP Hamza Meddeb, chercheur au centre Carnegie.
"Ce n'était qu'une question de temps et il y avait des indices forts pour que la Tunisie en soit la cible", a-t-il ajouté, évoquant la possibilité de "cellules dormantes" dans le pays.
La Tunisie, qui compte plus de 5.000 ressortissants dans les rangs d'organisations jihadistes à l'étranger selon les estimations, exprime régulièrement son inquiétude à propos de la situation en Libye.
Pour tenter de se protéger, elle a construit un "système d'obstacles" sur près de la moitié des 500 km de frontière.
Les postes frontaliers avaient déjà été temporairement fermés à l'automne dernier après l'attentat contre la sécurité présidentielle à Tunis (12 morts), revendiqué par l'EI.
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