Les numéros un des syndicats CFTC, FO, CGT, CFDT, et côté patronal CGPME, se succèdent lundi à Matignon pour des entretiens avec le chef du gouvernement, entouré des ministres Myriam El Khomri (Travail) et Emmanuel Macron (économie).
Ces concertations se poursuivront mardi avec la CFE-CGC (cadres) et le Medef, et mercredi avec l'UPA et l'Unsa, avant une réunion plénière le 14 mars.
Si les syndicats dits "réformistes", dont la CFDT, ont demandé des modifications de ce texte jugé "trop libéral", sept autres, parmi lesquels la CGT, FO et Solidaires, exigent son retrait pur et simple.
Avant ces rendez-vous, et la journée d'action organisée mercredi par plusieurs organisations de jeunesse et certains syndicats de salariés, Manuel Valls a promis, dans un entretien au Journal du Dimanche, des "améliorations" sur les deux mesures les plus contestées: l'extension du licenciement économique et la création d'un plafond pour les indemnités prud'homales.
Suffiront-elles à calmer les critiques? Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, présenté comme l'interlocuteur privilégié du gouvernement, a prévenu lundi matin que son syndicat "ne lâcherait pas" sur sa demande de retrait du barème des indemnités prud'homales prévu dans le projet de loi, et dont le Premier ministre n'a pas remis en cause le principe.
La CGT et FO ont d'emblée rejeté la proposition de Manuel Valls. Le numéro un de la CGT Philippe Martinez a demandé ainsi au gouvernement de "remettre les compteurs à zéro".
"On arrête là, on met le dossier à plat, on discute. C'est la logique même de ce projet que nous contestons", a déclaré pour sa part Jean-Claude Mailly sur Sud Radio.
Le Premier ministre s'est dit déterminé à faire voter le texte au Parlement "avec les amendements nécessaires, mais il exclut tout "statu quo". Le premier examen à l'Assemblée nationale est prévu fin avril.
Ce projet de loi, dont la présentation en conseil des ministres a été repoussée du 9 au 24 mars pour laisser au gouvernement le temps de le "retravailler", est censé répondre au chômage de masse, mais il est jugé trop favorable aux entreprises par les syndicats et une partie de la gauche.
Les négociations avec les partenaires sociaux s'annoncent délicates, le gouvernement devant veiller à ne pas froisser le patronat, qui a déjà prévenu qu'il n'accepterait pas un "affadissement" de la réforme.
- Nouveau CPE? -
Dans son entretien au JDD, le Premier ministre a pris soin de s'adresser aux jeunes, appelés à descendre dans la rue mercredi, en assurant que "c'est la jeunesse qui a le plus à gagner avec cette loi, car elle est la première victime du système actuel: précarité et CDD à répétition".
Alors qu'une nouvelle journée de grèves et manifestations est prévue le 31 mars, 58% des Français, selon un sondage, voient déjà le mouvement prendre autant d'ampleur que la fronde anti-CPE (contrat première embauche) il y a dix ans.
La forte mobilisation, notamment des lycéens et étudiants, avait alors conduit le gouvernement Villepin à retirer sa loi.
Dimanche, l'ancien ministre du Travail Xavier Bertrand (Les Républicains) s'est lui aussi demandé si cette "affaire" n'allait pas "finir en CPE".
Ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy, Raymond Soubie évoque, lui, "le syndrome 1995" et souligne dans Les Echos de lundi qu'un projet de loi "mal compris" peut servir d'"étincelle".
La contestation atteint les rangs du PS, et le Premier ministre devra convaincre les députés de son propre parti, réunis mardi soir pour un séminaire consacré au projet de loi.
Dimanche, le député PS Malek Boutih a voulu "relativiser": "il y a sans doute une inquiétude, mais je n'ai pas l'impression que le pays soit totalement tendu (...) et que la jeunesse soit prête à faire la révolution".
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