Sur le terrain, les zones incluses dans l'accord de trêve connaissaient dimanche une journée exceptionnellement calme, malgré des tirs sanglants de jihadistes et rebelles sur un quartier kurde de la ville d'Alep (nord).
Les pourparlers qui doivent se tenir à Genève sous l'égide de l'ONU seront les premiers depuis l'entrée en vigueur le 27 février d'une trêve inédite entre le régime syrien et les rebelles, qui tient globalement jusqu'à présent, malgré des accusations mutuelles de violations.
Lors d'un entretien téléphonique dimanche, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov et son homologue américain John Kerry, ont d'ailleurs "exprimé leur appréciation commune positive concernant les avancées réelles constatées concernant le cessez-le-feu sur le territoire syrien, dans l'ensemble respecté et qui a déjà conduit à une forte diminution de la violence".
Ils ont par ailleurs "souligné la nécessité de ne pas permettre de retards dans le début du processus de négociations intersyriennes", selon un communiqué du ministère russe des Affaires étrangères.
Dans les zones incluses dans l'accord de trêve conclu entre Russes et Américains, "dimanche a été la journée la plus calme depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu", a indiqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG qui dispose d'un large réseau de sources à travers la Syrie.
Les fronts étaient calmes dans la plupart de ces régions, à l'exception de roquettes tirées par le Front Al-Nosra, une organisation jihadiste exclue de l'accord, et de rebelles sur les forces kurdes dans un quartier au nord d'Alep. Ces tirs ont fait au moins neuf morts, selon un nouveau bilan de l'OSDH.
Les bombardements se poursuivaient aussi sur les territoires tenus par les extrémistes du groupe Etat islamique et du Front Al-Nosra (branche locale d'Al-Qaïda), exclus de l'accord.
- L'opposition hésitante -
D'après M. Abdel Rahmane, le nombre moyen de morts par jour parmi les civils "a baissé de 90%" pendant la trêve comparé à la période antérieure à celle-ci. La baisse est de 80% pour soldats et rebelles.
A quelques jours des pourparlers, qui devraient débuter jeudi selon l'émissaire de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura, l'opposition, affaiblie sur le terrain, reste réticente à l'idée d'y participer.
"Le HNC n'a pas pris de décision jusqu'à présent", avait affirmé samedi à l'AFP son porte-parole Monzer Makhos demandant davantage de progrès sur la question humanitaire et sur le respect du cessez-le-feu.
Depuis les premières négociations qui avaient échoué en 2014, la principale pierre d'achoppement reste le sort du président Bachar al-Assad, qui refuse de partir malgré la révolte de 2011 qui a dégénéré en guerre brutale, faisant plus de 270.000 morts et des millions de réfugiés et de déplacés.
M. de Mistura a rappelé que "l?ordre du jour du processus est clair: premièrement des négociations en vue d'un nouveau gouvernement, deuxièmement une nouvelle Constitution, et troisièmement des élections parlementaires et présidentielle dans un délai de 18 mois".
Il y a quelques jours, il avait estimé que c'était aux Syriens eux-mêmes de décider du sort du chef de l'Etat, au pouvoir depuis 2000.
Samedi, l'Arabie saoudite, un des principaux soutiens de la rébellion, a estimé que M. Assad, dont le clan dirige la Syrie depuis plus d'un demi-siècle, devait partir dès la mise en place d'une autorité de transition.
Selon le chef de la diplomatie saoudienne Adel al-Jubeir, les Syriens ont parlé lorsqu'ils ont pris les armes" contre lui.
En février, des négociations à Genève avaient tourné court en raison de l'intensification des bombardements de la Russie, alliée du régime. Ces frappes ont infligé de sérieux revers aux rebelles, affaiblissant du même coup l'opposition aux négociations.
Les conditions ne sont "actuellement pas propices" à une reprise des discussions, a d'ailleurs déclaré vendredi Riad Hijab, coordinateur du Haut comité des négociations (HCN), qui regroupe responsables politiques et représentants de groupes armés de l'opposition.
Selon M. de Mistura, l'ONU a récemment fait parvenir de l'aide à "115.000 personnes" assiégées, mais 300.000 autres personnes ont besoin d'aide et 4,6 millions se trouvent dans des zones difficiles d'accès.
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