Ces pourparlers à Genève, sous l'égide de l'ONU, seront les premiers depuis l'entrée en vigueur le 27 février d'une trêve inédite entre régime syrien et les rebelles, même si pour le moment l'opposition, affaiblie sur le terrain, est réticente à l'idée de participer aux discussions.
Dans les zones incluses dans l'accord de trêve conclu entre Russes et Américains, "dimanche a été la journée la plus calme depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu", a indiqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG qui dispose d'un large réseau de sources à travers la Syrie.
Les fronts étaient calmes dans la plupart de ces régions, à l'exception de tirs de dizaines de roquettes de la part du Front Al-Nosra, une organisation jihadiste exclue de l'accord, et de rebelles sur les forces kurdes dans un quartier à l'extrémité nord de la métropole d'Alep. Ces tirs ont fait trois morts selon l'OSDH et les forces kurdes.
Les bombardements intenses se poursuivaient aussi sur les territoires tenus par les extrémistes du groupe Etat islamique et du Front Al-Nosra (branche locale d'Al-Qaïda), exclus de l'accord.
Malgré des accusations mutuelles de violations quotidiennes, la trêve a tenu contre toute attente alors qu'un cessez-le-feu précédent avait échoué au bout de quelques heures.
- L'opposition hésitante -
D'après M. Abdel Rahmane, le nombre moyen de morts par jour parmi les civils "a baissé de 90%" pendant la trêve comparé à la période antérieure à celle-ci. La baisse est de 80% pour les soldats et les rebelles.
A quelques jours des pourparlers, qui devraient débuter jeudi selon l'émissaire de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura, l'opposition reste réticente à l'idée d'y participer.
"Le HNC n'a pas pris de décision jusqu'à présent", a affirmé à l'AFP son porte-parole Monzer Makhos. "Nous attendons un progrès sur la question humanitaire et le respect du cessez-le-feu. Ce qui s'est passé jusqu'à présent n'est pas suffisant pour que nous participions".
L'opposition réclame notamment la libération des prisonniers et l'acheminement de l'aide humanitaire, conformément à la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l'ONU.
L'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a annoncé que les négociations, auparavant reportées du 7 au 9 mars, devraient finalement débuter le 10. "Je pense que nous allons commencer le 10", a-t-il affirmé au quotidien pan-arabe Al-Hayat.
Depuis les premières négociations qui avaient échoué en 2014, la principale pierre d'achoppement reste le sort du président Bachar al-Assad, qui refuse de partir malgré la révolte de 2011 qui a dégénéré en guerre brutale, faisant plus de 270.000 morts et des millions de réfugiés et de déplacés.
M. de Mistura a rappelé que "l?ordre du jour du processus est clair: premièrement des négociations en vue d'un nouveau gouvernement, deuxièmement une nouvelle Constitution, et troisièmement des élections parlementaires et présidentielle dans un délai de 18 mois".
Il y a quelques jours, il avait estimé que c'était aux Syriens eux-mêmes de décider du sort du chef de l'Etat, au pouvoir depuis 2000.
Samedi, l'Arabie saoudite, un des principaux soutiens de la rébellion, a estimé que M. Assad, dont le clan dirige la Syrie depuis plus d'un demi-siècle, devait partir dès la mise en place d'une autorité de transition.
"Un organe de transition est mis en place, le pouvoir passe d'Assad à cet organe (...), et il s'en va", a affirmé le chef de la diplomatie saoudienne Adel al-Jubeir, selon qui "il n'y a aucune possibilité" qu'il reste président car "les Syriens ont parlé lorsqu'ils ont pris les armes" contre lui.
En février, des négociations à Genève avaient tourné court en raison de l'intensification des bombardements de la Russie, venue soutenir le régime syrien.
Ces frappes russes ont infligé de sérieux revers aux rebelles, affaiblissant du même coup l'opposition aux négociations.
Les conditions ne sont "actuellement pas propices" à une reprise des discussions, a d'ailleurs déclaré vendredi Riad Hijab, coordinateur du Haut comité des négociations (HCN), qui regroupe responsables politiques et représentants de groupes armés de l'opposition.
Selon M. de Mistura, l'ONU a récemment fait parvenir de l'aide à "115.000 personnes" assiégées, mais 300.000 autres personnes ont besoin d'aide et 4,6 millions se trouvent dans des zones difficiles d'accès.
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