A la veille d'une semaine délicate, le Premier ministre affirme dans le Journal du Dimanche sa volonté d'"enrichir et compléter" l'avant-projet de loi, tout en maintenant que "ce qui serait terrible, c'est le statu quo".
Il s'engage à des "améliorations" sur les deux mesures les plus contestées, l'extension du licenciement économique et la création d'un plafond pour les indemnités prud'homales.
La mobilisation contre le texte, dont la présentation en conseil des ministres a été repoussée du 9 au 24 mars pour permettre au gouvernement de le "retravailler", doit trouver mercredi sa concrétisation dans la rue.
Manifestations et grèves sont prévues à l'appel d'organisations de jeunesse et de certains syndicats de salariés, dont FO et la CGT, contre une réforme "écrite par le Medef".
Alors que selon un sondage, 58% des Français pensent que le mouvement pourrait prendre autant d'ampleur que la fronde anti-CPE (contrat première embauche) il y a dix ans, le chef du gouvernement essaie de rassurer les jeunes.
"C'est la jeunesse qui a le plus à gagner avec cette loi, car elle est la première victime du système actuel: précarité et CDD à répétition", assure-t-il.
Dès lundi, entouré des ministres Myriam El Khomri (Travail) et Emmanuel Macron (Economie), il démarre ses concertations avec les partenaires sociaux qui se poursuivront jusqu'à mercredi, avant une réunion plénière le 14 mars.
Mardi soir, il sera confronté aux députés PS réunis pour un séminaire consacré au projet de loi.
- Retrait pur et simple -
Il lui faut calmer la grogne contre ce projet de loi, censé répondre au chômage de masse mais jugé trop favorable aux entreprises par les syndicats et une partie de la gauche, sans braquer le patronat.
Or, selon un élu proche du gouvernement, "il y a un +deal+ politique" avec le Medef, qui en échange du compte personnel d'activité (CPA), demande "une souplesse" sur le licenciement économique et le barème sur les indemnités.
Le CPA, un des rares points que les syndicats jugent bénéfiques aux salariés dans ce projet, leur permet de garder des droits (formation, prise en compte de la pénibilité) tout au long de leur carrière.
Si les syndicats dits "réformistes", dont la CFDT, ont demandé des modifications, notamment sur les deux points les plus polémiques, sept autres syndicats, parmi lesquels la CGT, FO et Solidaires, exigent le retrait pur et simple du texte.
Ces derniers ont déjà prévu une nouvelle journée de grèves et manifestations le 31 mars.
Martine Aubry, qui avait signé le 25 février une tribune au vitriol, a souhaité vendredi que les modifications au texte ne portent pas que sur "deux virgules".
Une pétition en ligne contre le projet de loi affichait dimanche plus de 1,1 million de signatures, et selon un sondage, sept Français sur dix sont opposés à la loi dite "El Khomri".
"je n'ai pas l'impression que le pays soit totalement tendu (...) et que la jeunesse soit prête à faire la révolution", a estimé le député PS Malek Boutih.
La ministre du Logement Emmanuelle Cosse a souhaité que le texte fasse l'objet, "dans un climat apaisé", d'une "élaboration en commun avec les syndicats".
L'opposition voit déjà le bénéfice qu'elle pourrait en tirer en 2017: "le changement, il ne viendra pas de la rue, il viendra des urnes", a affirmé le n°2 du Front national, Florian Philippot.
"Cela peut finir en CPE cette affaire, parce qu'elle a été mal conduite", a estimé l'ancien ministre du Travail Xavier Bertrand (LR).
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