"L'objectif serait de lever tout contrôle aux frontières intérieures d'ici décembre, pour que l'on puisse revenir à un fonctionnement normal de l'espace Schengen d'ici fin 2016", a indiqué la Commission européenne, alors que depuis septembre huit pays ont rétabli provisoirement des contrôles à leurs frontières pour freiner les arrivées.
"La création de l'espace Schengen sans frontières intérieures a apporté d'importants avantages aux citoyens européens comme aux entreprises", a plaidé la Commission, qui chiffre entre 5 et 18 milliards par an les coûts directs d'un retour des contrôles frontaliers.
Outre la gestion de la frontière extérieure de la Grèce, Bruxelles a défini deux autres priorités : la fin de la politique du "laisser-passer" et une approche européenne coordonnée.
Le président du Conseil européen Donald Tusk devait par ailleurs demander vendredi au président turc Recep Tayyip Erdogan de faire davantage pour ralentir le flux des migrants vers l'Europe, à trois jours d'un sommet européen crucial avec la Turquie à Bruxelles.
Face à cette épreuve qui fissure l'Union européenne, le président François Hollande a assuré que "la France et l'Allemagne travaillent dans le même esprit et avec la même volonté", en recevant vendredi à Paris la chancelière Angela Merkel.
Incapables d'apporter une réponse coordonnée, les pays de l'UE se déchirent tandis que les arrivées de migrants continuent sans interruption, avec plus de 130.000 migrants arrivés en Europe depuis janvier, selon le Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR).
Plus de 1,25 million de demandes d'asile, émanant principalement de Syriens, Afghans et Irakiens, ont été déposées l'an dernier dans l'UE, un chiffre plus que doublé par rapport à 2014, et le plus élevé jamais enregistré, selon l'Office européen de statistiques Eurostat.
"Il y a un besoin immédiat de pallier les récentes failles dans la protection de la frontière externe (de l'UE) en Grèce", où ont transité illégalement plus de 868.000 personnes en 2015, a réaffirmé vendredi la Commission.
Selon Athènes, près de 32.000 réfugiés et migrants se trouvent actuellement sur le sol grec. "La Grèce ne peut pas gérer toute seule" ce fardeau, a répété jeudi son Premier ministre Alexis Tsipras.
Jeudi, le président du Conseil européen avait tenté à Athènes de décourager les migrants économiques. "Ne venez pas en Europe. Ne croyez pas les passeurs. Ne risquez pas vos vies et votre argent. Tout cela ne servira à rien", a-t-il imploré.
- L'appel à la Turquie -
Au moment où la Turquie est plus que jamais considérée côté européen comme un partenaire clé pour maîtriser la crise, M. Tusk a profité d'un entretien avec le Premier ministre Ahmet Davutoglu pour rappeler que le flot des migrants restait "encore beaucoup trop élevé". Il a suggéré la mise en place d'un "mécanisme rapide et à grande échelle destiné à renvoyer les migrants irréguliers qui arrivent en Grèce".
La Turquie a fait savoir mercredi qu'elle était prête à signer avec 14 pays un accord de réadmission sur son sol des migrants clandestins. Elle a déjà signé en novembre avec l'UE un accord l'engageant à ralentir le flux des migrants en échange d'une aide de 3 milliards d'euros et d'une accélération de sa procédure de candidature à l'UE. Mais cet accord n'a pas donné les résultats escomptés, provoquant la frustration des Européens.
M. Davutoglu, dont le pays accueille 2,7 millions de réfugiés syriens, se défend en répétant que son pays est déterminé à "faire tout ce qui est nécessaire" pour lutter contre les migrations clandestines.
La justice turque a condamné vendredi à quatre ans de prison deux passeurs syriens qui étaient jugés pour le naufrage d'un bateau de réfugiés qui avait causé en septembre la mort du petit Aylan Kurdi, devenue un symbole planétaire du drame des migrants.
Les dirigeants de Bruxelles critiquent les actions "unilatérales" de certains pays membres de l'UE qui ont imposé des quotas à l'entrée de leurs territoires, affirmant qu'elles "portent atteinte à l'esprit européen de solidarité".
Vendredi, la Croatie a approuvé des changements de sa législation afin de pouvoir déployer l'armée à ses frontières pour contenir, si nécessaire, l'afflux de migrants.
La fermeture partielle des frontières sur la route des Balkans a piégé des milliers de personnes en Grèce, faisant planer la menace d'une crise humanitaire. Les arrivées sont incessantes à Idomeni, à la frontière gréco-macédonienne. "Les gens sont angoissés", explique Stella Nanou, du HCR en Grèce, "ils veulent aller à la frontière, ils ont peur de ne jamais pouvoir continuer la route".
Pour aider ses Etats membres en première ligne sur la route des migrants, l'UE a proposé cette semaine une aide humanitaire d'urgence de 700 millions d'euros.
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