Arrivées sur place 1h30 avant la représentation, nous sommes prises en charge par Didier Poquet, le régisseur, à l’entrée des artistes. Il nous emmène en salle de maquillage ou une équipe de cinq professionnelles est en plein travail. Ces femmes travaillent dans un silence quasi religieux et manient fer à friser, épingles et laque avec une dextérité d’artiste. Si la séance de maquillage commence 2h avant la représentation, nous arrivons juste à temps pour voir la maquilleuse donner la touche finale à Brigitte Christensen, la soprano qui endossera dans quelques instants le rôle de Donna Anna.
Une autre conquête de Don Giovanni est là également : c’est Laura Nicorescu alias Zerlina, jeune mariée dévoyée par le séducteur. La jeune femme achève de se faire coiffer avant de passer à l’habillage. Les coiffeuses et maquilleuses doivent en un temps record apprêter huit solistes, dix hommes du chœur, huit femmes du chœur et cinq figurants. Le maquillage reste assez naturel, il s’agit surtout de travailler le grain de peau pour qu’il puisse bien prendre la lumière. Les maquilleuses ont carte blanche et connaissent bien leur travail, certaines collaborent très régulièrement avec l’opéra. Elles soulignent un peu plus le contour des yeux, les sourcils et les lèvres de manière à rendre plus expressifs les personnages.
Une véritable ruche
Il reste encore plus d’une heure avant la représentation mais pourtant tous les techniciens s’affairent pour les derniers préparatifs. En plus des coiffeuses, maquilleuses ou habilleuses qui sont à disposition pour les raccords entre deux scènes et pour les dernières retouches avant l’entrée sur scène, c’est presque une dizaine de techniciens que l’on retrouvera en coulisses pendant le spectacle : régisseurs, technicien son, technicien lumière, cintrier, machinistes, toppeur, accessoiriste. L’équipe est visiblement soudée et l’ambiance très bonne.
Etranges préparatifs
On arrive sur scène à temps pour assister à un « essai sang ». Dans le premier acte, Don Giovanni affronte le père d’une de ses conquêtes et le combat tourne mal : le commandeur succombe aux coups de Don Giovanni et chute violemment contre un élément du décor. Un système discret permet de faire gicler du faux sang. Il convient de vérifier le fonctionnement de la machine qui doit gicler suffisamment fort et au bon moment. Alors que l’essai prend fin, l’un des régisseurs déambule étrangement sur le plateau courant de droite à gauche. Il chauffe en fait la poursuiteuse : une jeune femme qui manipule un spot qui suivra les solistes pendant le spectacle. Il faut qu’elle soit réactive et précise car vu la distance à laquelle se trouve le spot, un mouvement trop brusque aurait un très mauvais effet sur la scène.
Les habilleuses
Nous rendons ensuite visite aux habilleuses réunies dans la lingerie. Elles sont cinq pour habiller une trentaine d’artistes. L’une d’elles restera pendant le spectacle en coulisses pour vérifier au dernier moment l’agencement de la tenue des chanteurs et faire des retouches si besoin. A la fin de chaque représentation, leur travail se poursuit tard dans la nuit. Elles lavent le soir même les costumes et doivent détacher les vêtements imprégnés de faux sang ou de maquillage : un travail essentiel à la qualité de la représentation.
Top départ
Nous rencontrons ensuite Clive, le toppeur. A la régie il est en charge de donner à chacu le top pour leurs tâches. Pour cela il doit savoir lire la partition sur laquelle est annotée une série de code annonçant un effet de lumière, un accessoire ou une entrée en scène. Son rôle est primordial au bon fonctionnement de la représentation. Il est en contact avec tous par talkie walkie. Clive lance plusieurs appels à l’équipe technique et aux artistes avant la représentation, ses appels sont diffusés partout en coulisses et dans les loges.
Dans le couloir des loges.
Vingt minutes avant la représentation, nous passons dans le couloir des loges. Les solistes chauffent leurs voix et répètent encore, c’est une délicieuse cacophonie lyrique qui envahit le couloir. Chaque soliste a un piano dans sa loge pour pouvoir répéter dans les meilleures conditions. Le chef Léo Hussain vient de passer dans le couloir et nous introduit dans la loge de David Bizic alias Don Giovanni, détendu et souriant malgré l’approche de l’échéance et la performance à venir. D’autres solistes ont besoin de beaucoup de concentration avant l’entrée en scène, la tension est palpable et… le rideau se lève !
Pratique. Don Giovanni de Mozart. Théâtre des arts à Rouen. Samedi 5, mardi 8 et Jeudi 10 mars à 20h. Tarifs 10 à 68E. www.operaderouen.fr
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