L'électrochoc du "super mardi", quand l'homme d'affaires a remporté sept primaires sur 11, a relancé les efforts de barons, élus et figures du parti républicain pour persuader les électeurs que Donald Trump n'avait rien d'un sauveur pour le mouvement conservateur, et promouvoir un hypothétique candidat alternatif, que ce soit le sénateur de Floride Marco Rubio ou celui du Texas Ted Cruz.
Consterné par l'ascension du milliardaire, Mitt Romney a décidé de sortir de sa relative réserve et de devenir le porte-parole le plus éminent de cette tardive contre-offensive.
"Donald Trump nous dit qu'il est très, très intelligent. Je crains qu'en matière de politique étrangère il ne soit +très, très pas intelligent+", a déclaré Mitt Romney dans un discours très médiatisé jeudi à Salt Lake City, dans l'Utah.
Mitt Romney affirme qu'une investiture du milliardaire assurerait une victoire de la démocrate Hillary Clinton à la présidentielle de novembre. Quant à ses propositions, il en a déploré le flou et l'incohérence, prédisant qu'elles déclencheraient une récession économique.
Il s'est surtout attardé sur le tempérament "instable" du milliardaire, indigne de la présidence selon lui, sa "malhonnêteté", sa "cupidité", sa "misogynie" et sa vulgarité.
"Donald Trump est un charlatan, un imposteur. Ses promesses ne valent pas mieux qu'un diplôme de l'Université Trump. Il prend les Américains pour des pigeons", a-t-il dit, en allusion à l'institution désormais défunte au centre d'une procédure judiciaire lancée par d'ex-étudiants.
Le milliardaire a remporté dix des 15 premières consultations depuis le 1er février et il est le favori pour les prochaines épreuves, notamment celles du 15 mars dans des Etats aussi grands que la Floride et l'Illinois.
Le calendrier des primaires a été conçu de telle façon qu'à partir du 15 mars, le candidat en tête sera quasi-assuré de remporter l'investiture: la plupart des Etats comme la Floride attribueront la totalité de leurs délégués au vainqueur, ce qui consolidera de façon exponentielle son avance.
- 'Notre parti est mourant' -
Mais le discours de l'arrière-garde républicaine pourrait être inaudible pour les 30 à 40% de républicains qui ont jusqu'à présent voté pour Donald Trump justement parce qu'il conteste l'ordre établi.
Le milliardaire a répondu par le mépris aux attaques de Mitt Romney, le qualifiant de "loser" parce qu'il avait perdu en 2012 face à Barack Obama, et rappelant que Mitt Romney lui avait demandé son soutien il y a quatre ans.
Donald Trump a aussi recommencé à insinuer qu'il pourrait se présenter en candidat indépendant si le parti l'empêchait par des machinations, notamment à la convention de Cleveland en juillet, de remporter l'investiture.
"Ils ne reconnaissent pas que j'ai fait quelque chose que personne n'a réussi auparavant. Notre parti stagne, il est mourant", a-t-il argué sur MSNBC jeudi.
Le parti est divisé entre ceux qui résistent et ceux qui sont déjà résignés à rallier le magnat de l'immobilier.
C'est dans cette ambiance de guerre intestine que Donald Trump, Ted Cruz, Marco Rubio et le gouverneur de l'Ohio, John Kasich, se retrouveront jeudi soir à Detroit pour le onzième débat de la saison. Le neurochirurgien à la retraite Ben Carson a annoncé mercredi qu'il ne participerait pas à ce débat, se retirant de fait de la course. Donald Trump espère récupérer ses partisans.
L'agitation autour du favori Trump était aussi au coeur du grand rassemblement annuel des conservateurs américain CPAC, qui s'est ouvert jeudi à National Harbor, près de Washington. Dans les allées, certains républicains disaient ne plus croire que Donald Trump puisse être arrêté.
"D'après mon expérience, les campagnes anti-quelqu'un sont rarement efficaces", dit à l'AFP Rick Santorum, candidat malheureux des primaires qui soutient Marco Rubio.
On trouve des militants républicains comme Ron Fodor, maire d'une petite ville de Pennsylvanie, résigné à voter pour Donald Trump, jugé comme le meilleur espoir de battre Hillary Clinton à la présidentielle de novembre: "Je soutenais Rubio mais je crois qu'il ne pourra pas gagner, donc je vais me boucher le nez et voter Trump".
Une sexagénaire, Doris, les larmes aux yeux, lâche en passant: "Nos vies sont merdiques, le parti républicain et Obama ont conspiré pour nous donner Trump. Et vous savez quoi? Il va arranger les choses".
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