Avant l'ouverture du 34e sommet franco-britannique à la préfecture d'Amiens, le président français et le Premier ministre britannique se sont retrouvés en fin de matinée au cimetière-mémorial britannique de Pozières, lieu emblématique de la Bataille de la Somme qui fit, de juillet 1916 à novembre 1918, plus de 400.000 morts.
Francois Hollande a accueilli David Cameron à l'entrée du cimetière de Pozières où sont alignées les tombes de 2.756 soldats de la Première Guerre mondiale. Ils devaient ensuite déposer une gerbe de fleurs au pied de la Croix du souvenir dominant le vaste carré de tombes.
David Cameron et François Hollande auront toutefois les yeux tournés vers la "Jungle" de Calais, où affluent en masse des milliers de migrants tentant par tous les moyens de rallier les côtes anglaises.
La rencontre intervient alors que les autorités françaises ont entamé le démantèlement de ce campement insalubre, dans un climat tendu, émaillé d'incidents.
Paris ne compte pas remettre en cause les accords du Touquet de 2003 régissant la gestion de la frontière franco-britannique: "Ils n'ont pas vocation à être modifiés", indique-t-on à Paris.
La France réclame en revanche une aide financière substantielle de Londres.
La contribution britannique à la gestion de la crise est actuellement "de plus de 60 millions (...) Il y aura une vingtaine de millions supplémentaires", a annoncé jeudi matin le secrétaire d'Etat aux affaires européennes, Harlem Désir. Cette aide contribuera à accroître "la sécurisation de la zone d'accès au tunnel et de la zone du port de Calais", ainsi que "la lutte contre les réseaux de passeurs".
- Défense et lutte antiterroriste -
La question du regroupement familial des mineurs isolés, bloqués à Calais alors que des membres de leur famille sont installés outre-Manche, est un des sujets sensibles des discussions franco-britanniques.
Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a souhaité récemment que les cas de "tous ceux qui ont des attaches en Grande-Bretagne, parmi notamment les mineurs isolés," soient examinés "dans l'équilibre de la relation que nous avons avec la Grande-Bretagne".
A moins de quatre mois du référendum organisé le 23 juin outre-Manche sur le maintien ou non du Royaume-Uni dans l'Union européenne, le risque de "Brexit" ne fait officiellement pas partie des discussions. Mais David Cameron et François Hollande pourraient toutefois bien évoquer cette échéance à haut risque.
D'autant que le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron a prévenu mercredi dans le Financial Times que la France cesserait de retenir les migrants à Calais en cas de Brexit. "Le jour où cette relation (entre la Grande Bretagne et l'UE) sera rompue, les migrants ne seront plus à Calais".
"Les accords du Touquet sont des accords bilatéraux", a souligné pour sa part Harlem Désir. "Donc il n'y a pas de chantage, ni de menace, mais c'est vrai que nous coopérons plus facilement en étant membres de l'UE que si le Royaume Uni ne l'était plus".
Deux autres textes seront signés à Amiens pour renforcer la coopération bilatérale en matière de défense et de lutte contre le terrorisme.
A l'ordre du jour notamment, la mise au point d'une force expéditionnaire conjointe franco-britannique de 7.000 militaires.
Paris et Londres veulent également développer leur coopération en matière d'armement (drone, missiles, guerre des mines sous-marines).
Le projet de construction par EDF de deux EPR à Hinkley Point (côte ouest de l'Angleterre), dont le coût est évalué à 24,5 milliards d'euros, fera par ailleurs l'objet d'un texte commun.
Emmanuel Macron a défendu "un très bon investissement" pour l'électricien français, malgré des critiques, notamment de la part des syndicats du groupe.
La situation en Ukraine, les crises syrienne et libyenne devraient également faire partie des grands sujets internationaux abordés par François Hollande et David Cameron, qui tiendront une conférence de presse vers 15H10.
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