"Tout prouve que nous sommes des artistes selon la définition de l'Unesco : +est artiste, toute personne qui crée et considère que sa création est un élément essentiel de sa vie, contribuant au développement de l'art et de la culture+", martèle Tin-Tin, grande gueule et vanneur patenté.
"Pourtant, on a toujours perdu... L'Etat et les jurisprudences se contredisent. Les ministères se renvoient la balle..."
Depuis son "QG" de Pigalle, le tatoueur français à la réputation internationale, met la dernière main à l'organisation du Mondial du Tatouage qui attend plus de 30.000 passionnés et curieux à la Grande Halle de la Villette, de vendredi à dimanche.
"La seule chose qu'on oppose aux tatoueurs pour leur refuser le statut d'artiste, c'est qu'ils créent sur la peau...", fustige celui qu'un musée national, le Quai Branly, a recruté en 2014 comme conseiller artistique de l'exposition "Tatoueurs, Tatoués" plébiscitée par plus de 700.000 visiteurs. "On est en plein paradoxe, mais on gagnera un jour!", assure Tin-Tin.
"On veut une TVA à taux réduite, comme un photographe, un sculpteur, un peintre... Pour le moment, on est assassinés, comme de simples commerçants", explique le fondateur et président du Syndicat national des artistes tatoueurs. Sur Internet, une pétition a déjà recueilli plus de 14.000 soutiens.
- Churchill et Staline tatoués -
Apanage des matelots, des soldats ou des "mauvais garçons", le tatouage, rite initiatique ou signe d'identité, est en vogue : 10% de la population arboraient au moins un tatouage en 2010, proportion qui grimpe à 20% pour les 25-34 ans, selon un sondage de l'Ifop. En 1982, quinze tatoueurs avaient pignon sur rue en France. Plus de 1.500 aujourd'hui.
"Désormais, le grand public est concerné. Tout le monde s'accorde à reconnaître que le tatouage est le dixième art. De plus en plus de jeunes et même des gens âgés se font tatouer".
"Roosevelt, Churchill et Staline étaient tatoués, mais aussi des rois des reines. Etre tatoué veut dire plein de choses, la plus subtile, la plus secrète ou la plus provocatrice. Je ne tatoue pas ce qui ne m'intéresse pas", dit-il.
Côté tendance, l'hyperréalisme fait fureur : "il y a de plus en plus d'artistes incroyables qui font des tatouages comme des photos, avec une qualité graphique extraordinaire. Le style japonisant et le tribal polynésien ne se démentent pas, mais il y a des dizaines de tendances".
Réunissant 360 tatoueurs, dont de plus en plus de femmes, venus de 35 pays, le Mondial du tatouage de Paris fera la part belle au "Trash polka" inventé par le duo allemand Simone Pfaff et Volko Merschky: un mélange de dessins réalistes et d'éléments graphiques, le plus souvent en noir et rouge.
"La mode est par définition éphémère et le tatouage permanent", ironise Tin-Tin, au physique de nounours. Sur son dos, un énorme poisson japonisant. Sur ses bras, des dragons jusqu'aux épaules.
Autodidacte, le roi français des tatoueurs, né en 1965 près de Paris, s'est fait la main au service militaire avec ses copains de chambrée : "il y avait de la couenne disponible!". Lui-même, s'est fait tatouer à l'adolescence, alors que ses parents lui imposait des concours de danse de salon. Un avant-bras tatoué entraînait une disqualification.
Aucun de ses trois enfants n'est tatoué : "A 8 et 14 ans, ils sont trop jeunes. Pas de tatouage avant 16 ou 17 ans! Quant à la plus grande qui a 20 ans, elle n'en a pas envie".
Son meilleur souvenir de tatoueur ? Une séance dans une salle des mariages, sous le regard amusé de Bertrand Delanoë et Jack Lang. Une commande spéciale pour le designer Philippe Starck qui s'est fait tatouer avec son épouse, sous la statue de Marianne.
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