Cette mesure est intervenue au lendemain d'un virulent discours du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah qui a accusé l'Arabie saoudite, chef de file du Conseil de coopération du Golfe (CCG), d??uvrer pour une "sédition entre musulmans sunnites et chiites".
"Les Etats du CCG ont décidé de classer organisation terroriste la milice du Hezbollah, y compris tous ses dirigeants, factions et associations", a annoncé Abdellatif Zayani, secrétaire général du groupement régional formé de l'Arabie saoudite, du Qatar, de Bahreïn, du Koweït, des Emirats arabes unis et d'Oman.
M. Zayani a justifié dans un communiqué cette mesure par "la poursuite des actions hostiles de cette milice qui recrute les jeunes (du Golfe) pour perpétrer des actes terroristes".
Il a accusé le Hezbollah de "trafic d'armes et d'explosifs, de sédition et d'incitation au chaos et à la violence, ce qui constitue une flagrante violation de la souveraineté et de la sécurité" des monarchies arabes.
Cette mesure, la première du genre prise collectivement par les pays du CCG, intervient dans un contexte de forte tension entre ces monarchies sunnites et le Hezbollah, accusé de servir de tête de pont à l'Iran chiite et de s'ingérer dans les affaires des pays arabes.
La tension s'est cristallisée autour du conflit en Syrie où l'Iran et le Hezbollah soutiennent M. Assad, combattu par une rébellion appuyée par les monarchies du Golfe.
La position des monarchies du CCG a reçu le soutien du conseil des ministres arabes de l'Intérieur réunis à Tunis. Ceux-ci ont dans un communiqué condamné "les pratiques et les actes dangereux du Hezbollah terroriste pour déstabiliser la sécurité dans certains pays arabes". La délégation du Liban à cette réunion s'est distanciée de cette position.
- Mesures de rétorsion -
L'Arabie saoudite a été pendant longtemps un grand allié et bailleur de fonds du Liban avant que le Hezbollah ne s'y impose sur la scène politique à partir de 2005.
Ce dernier est désormais accusé par ses détracteurs de mainmise sur le pays et d'utiliser son arsenal comme moyen de pression pour contrôler toutes les décisions du gouvernement. Sa participation à la guerre en Syrie est fustigée par plusieurs forces politiques libanaises.
"Les exactions du Hezbollah dans les pays du CCG et ses actes terroristes et d'incitation en Syrie, au Yémen et en Irak (...) sont une menace pour la sécurité nationale arabe", a dit M. Zayani, en annonçant de prochaines mesures "appropriées" contre le mouvement sans préciser lesquelles.
Les monarchies arabes ont jusqu'ici réagi individuellement au Hezbollah, soupçonné d'ingérence à Bahreïn, théâtre de troubles sporadiques depuis le soulèvement chiite de 2011, mais aussi de complicité avec les minorités chiites en Arabie saoudite, au Koweït et au Yémen.
Hassan Nasrallah accuse lui l'Arabie saoudite de commettre des "crimes" au Yémen où elle dirige depuis près d'un an une coalition arabo-sunnite contre des rebelles pro-iraniens.
Le saccage le 2 janvier de l'ambassade saoudienne à Téhéran par une foule en colère après l'exécution du dignitaire chiite saoudien Nimr al-Nimr a accéléré les mesures de rétorsion.
- Relations avec l'Iran -
Le royaume saoudien avait demandé en février à ses ressortissants de quitter le Liban, déconseillé tout voyage dans ce pays, suspendu des programmes d'armements de quatre milliards de dollars (3,6 milliards d'euros) au profit de Beyrouth et sanctionné des sociétés liées au Hezbollah.
Par solidarité, les autres monarchies du CCG, à l'exception d'Oman, ont également demandé à leurs citoyens de quitter le Liban.
Les riches monarchies pétrolières comptent d'importantes communautés libanaises de différentes confessions, y compris chiite.
Au-delà des tensions avec le Hezbollah, c'est le grand rival iranien qui est dans la ligne de mire de Ryad qui a rompu ses relations avec Téhéran après le saccage de sa chancellerie.
Le Hezbollah, ou parti de Dieu, a été créé par les Gardiens de la révolution iraniens dans les années 1980. Financé par Téhéran, il est le seul parti libanais à ne pas à avoir déposé les armes après la guerre civile (1975-1990).
Les Etats-Unis, le Canada et l'Australie considèrent ce mouvement comme une organisation "terroriste". Sa branche armée a été classée comme telle par l'Union européenne.
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