Le canton suisse de Genève et la ville de Genève ont indiqué avoir porté plainte contre X "pour mise en danger délibérée de la vie d'autrui et pollution des eaux", dans un courrier reçu par l'AFP et annonçant une conférence de presse lundi 7 mars.
L'avocate française Corinne Lepage, ancienne ministre de l'Environnement et fervente opposante à l'atome est chargée de défendre les intérêts suisses. Elle a affirmé à l'AFP que la plainte avait été déposée mercredi à Paris.
Sollicités, ni EDF, qui exploite cette centrale d'une puissance totale de 3,7 gigawatts, ni le ministère français de l'Environnement et de l'Energie, n'ont fait de commentaire dans l'immédiat.
Ce n'est pas le premier coup que tentent de porter les autorités genevoises à la centrale du Bugey, en fonctionnement depuis les années 1970. Les Suisses contestent notamment le projet d'EDF de construire sur le site, éloigné de 70 km à vol d'oiseau de Genève, un centre de stockage de déchets nucléaires.
Appelé Iceda (installation de conditionnement et d'entreposage de déchets activés), il doit permettre de stocker une partie des déchets issus des neuf réacteurs d'EDF en cours de démantèlement en France (Brennilis, Bugey-1, Saint-Laurent, Chinon, Creys-Malville).
Le canton de Genève avait ainsi contesté sans succès devant la justice un décret autorisant EDF à créer ce site. Il y a un an, la ville avait rappelé sa détermination à faire fermer la centrale et engagé comme avocate Corinne Lepage pour réfléchir à une stratégie d'action.
Outre ce projet de centre de stockage, la centrale du Bugey compte un réacteur en cours de démantèlement, trois autres en fonctionnement et un à l'arrêt depuis le 27 août 2015.
L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a demandé à EDF de réparer une dégradation de l'étanchéité du revêtement métallique de l'enceinte du réacteur actuellement à l'arrêt.
- Contexte compliqué -
Mercredi, la présidente de l'association "Sortir du nucléaire Bugey", Madeleine Chatard-Leculier, a jugé que la plainte suisse était "l'aboutissement (des) actions de toutes ces années sur la dangerosité de cette centrale vieillissante".
En France même, une fermeture de la centrale du Bugey est régulièrement réclamée par les organisations anti-nucléaires, qui pointent notamment sa situation à une trentaine de kilomètres de Lyon.
Mais la fermeture de cette structure cruciale pour l'approvisionnement énergétique de la capitale des Gaules et sa région n'a jamais été évoquée ni par EDF, ni par l'Etat français, actionnaire à plus de 84% de l'électricien. Lorsque ses quatre réacteurs fonctionnent, elle représente 4,5% de la totalité de l'électricité produite en France.
A ce jour, seule la fermeture de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), la plus vieille du parc des 58 réacteurs français, est à l'ordre du jour, même si sa concrétisation a pris du retard. Promesse présidentielle de François Hollande, elle s'inscrit dans la trajectoire fixée par la loi sur la transition énergétique de plafonnement du parc à son niveau actuel et de réduction de la part de l'atome à 50% de la production totale d'électricité d'ici 2025.
Et cette semaine, les déclarations de la ministre française de l'Environnement Ségolène Royal sur un possible feu vert à la prolongation de dix ans de la durée de vie des autres centrales, dans le respect des objectifs de la loi, a de nouveau créé la polémique et suscité l'ire des écologistes.
A cela s'ajoutent les inquiétudes formulées par l'ASN sur d'autres sites nucléaires comme l'usine d'Areva de retraitement des déchets nucléaires de la Hague (Manche) ou les anomalies détectées sur la cuve de l'EPR en construction à Flamanville (Manche) et pour laquelle de nouveaux tests doivent être réalisés, dans un contexte économique compliqué pour les deux principaux acteurs français de l'atome EDF et Areva.
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