"Aujourd'hui, le démantèlement s'est passé de manière satisfaisante. Certains migrants demandent plus de temps: nous respectons leur souhait et nous ne démolissons qu'une fois leurs affaires retirées", a déclaré Vincent Berton, sous-préfet de Calais, lors d'une conférence de presse.
L'évacuation du plus grand bidonville de France avait repris peu après 08H30, les employés de la Sogéa, mandatée par l?État pour démanteler le camp, reprenant leur tâche, sous la protection d'une trentaine de véhicules et deux camions anti-émeutes venus sécuriser les travaux. Lundi, le début du démantèlement avait été marqué par des heurts entre migrants, militants d'ultra gauche No border, et forces de l'ordre.
"Il faut sortir, ça va démolir", avertissaient les policiers sur place, en tapant sur les abris de fortune encore sur pied pour en déloger les occupants toujours présents. Y compris ceux qui réclamaient d'au moins terminer leur petit-déjeuner, sommés de s'en aller, à en croire Mariam, salariée du Secours catholique. "Les gens se sont résignés, ils baissent les bras", dit-elle à l'AFP pour expliquer aussi le calme ambiant.
Une version démentie catégoriquement par les autorités. "On a laissé plus de deux heures aux Soudanais pour prendre leur petit-déjeuner", a affirmé Serge Szarzynski, directeur départemental de la cohésion sociale (DDCS) du Pas-de-Calais. "Les maraudeurs prennent leur temps, ce n'est pas 30 secondes et puis partez!", a renchéri M. Berton. Au menu de ce repas: des conserves de haricots blancs mangées à la main avec un morceau de pain et à même les poêles.
Interrogée sur la durée des travaux pour évacuer la partie sud, la préfète du Pas-de-Calais Fabienne Buccio a indiqué qu'ils pourraient durer "un mois, peut-être un peu plus, peut-être un peu moins". "On avance bien", a-t-elle estimé.
Au "camp de la lande" - le nom officiel de la "Jungle" - les équipes de services de l?État tentaient à nouveau d'encourager les migrants lors des maraudes sociales à accepter une solution de relogement, alors qu'ils sont entre 800 et 3.450 dans la zone sud selon les sources. Le sous-préfet de Calais a affirmé que "200 places étaient encore libres", sur 1.500, dans le centre d?accueil provisoire (CAP) constitué de conteneurs chauffés. "300 autres" le sont "au sein des tentes bleues de la sécurité civile", sur 500 disponibles.
- Deux activistes relaxés -
Quant aux départs en autocar vers l'un des 102 centres d'accueil et d'orientation (CAO), souvent situés dans le Sud de la France, l?État a dénombré 43 partants lundi, 28 mardi et 32 mercredi.
Mais dans le même temps, la Fnars (Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale) a pointé dans une étude publiée mercredi des dysfonctionnements dans le dispositif des CAO mis en place pour loger les évacués de la "jungle", tels que "le manque d'information fournie aux personnes qui acceptent de quitter la Jungle".
La nuit avait été calme aux abords de la "Jungle", dont plusieurs riverains ont dit mercredi à l'AFP leur soulagement. "Cela aurait dû être fait depuis longtemps. Cela nous aurait évité désagréments et dégradations", s'est ainsi félicité Bernard, l'un d'entre eux.
Les pompiers ont dû eux réaliser plusieurs interventions dans la nuit pour des feux de tentes, sans que l'on sache si ceux-ci étaient ou non volontaires.
A 40 km de là, à Boulogne-sur-Mer, deux militants pro-migrants interpellés lundi à la "Jungle", une jeune Allemande de 23 ans et un Britannique de 31 ans, ont été jugés en comparution immédiate mercredi. Se défendant d'être des No border, ils ont été relaxés tous deux, faute de preuves.
La maire de Calais, Natacha Bouchart, a "déploré" cette relaxe. "Une nouvelle fois, la teneur de cette décision renforce l?idée selon laquelle des activistes peuvent commettre des délits en toute impunité", a-t-elle affirmé dans un communiqué.
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