"Aujourd'hui, dans cette chambre, une large majorité défend un changement de gouvernement, un changement de politique", a déclaré l'économiste de 44 ans.
Il a ensuite déroulé un programme pour revenir sur des "politiques aussi cruelles qu'inefficaces", menées par la droite depuis 2011, "toujours au nom de l'austérité", dans un pays traumatisé par plus de cinq ans de crise économique (2008-2013).
"Pourquoi ne pas mettre tout cela en marche dès la semaine prochaine?", a-t-il demandé après avoir détaillé une liste de nouvelles mesures contre le chômage, dont le taux dépasse encore les 20%, les inégalités, la corruption endémique, et visant à mieux protéger les travailleurs qui depuis une réforme en 2012 peuvent être facilement licenciés.
Mais M. Sanchez avait face à lui un Parlement largement hostile. Sur 350 députés, seulement 130, les siens et les 40 centristes, lui ont promis un soutien.
Comme il l'a rappelé, plus de 200 ont été élus en décembre par des Espagnols désireux de "changement": les 90 députés socialistes, qui souhaitent remplacer la droite au pouvoir, mais aussi les 65 élus de Podemos et de ses alliés régionaux et les 40 de Ciudadanos (centre-droit), qui a comme Podemos prospéré en dénonçant la corruption.
Le Parti Populaire, au pouvoir depuis quatre ans, avait remporté les élections de justesse avec 123 députés et 28,7% des suffrages. Mais son président Mariano Rajoy, chef du gouvernement sortant, incapable de trouver des alliés pour son parti à l'image ternie par des scandales de corruption, a renoncé à former un gouvernement.
M. Sanchez s'est donc vu confier cette tâche par le roi Felipe VI, même si son parti est arrivé deuxième, avec le pire résultat de son histoire.
- Podemos, incontournable -
Depuis des semaines, des élus socialistes reconnaissent en privé que sa tentative n'a que peu de chances de succès. Car il a besoin de plus de soutiens que ceux de Ciudadanos.
Et Mariano Rajoy a promis que les élus du PP voteraient contre lui, tout comme Podemos.
La gauche radicale refuse de l'aider, l'accusant notamment d'avoir donné aux libéraux le maintien d'une trop grande flexibilité en matière d'emploi.
Mardi soir, sa position n'avait pas varié. "Nous sommes déçus" par le discours de M. Sanchez, a affirmé le numéro deux de Podemos Inigo Errejon. "Seul Ciudadanos le soutiendra", a-t-il ajouté.
Faute d'investiture à la majorité absolue (176 votes) lors d'un scrutin prévu mercredi soir, Pedro Sanchez aura droit à un second tour vendredi.
"L'électorat (de Podemos) est divisé sur cette question", explique à l'AFP Jose Pablo Ferrandiz, de l'institut de sondages Metroscopia.
Podemos pourrait choisir de laisser gouverner les socialistes et ensuite de "cogner fort", ce qui lui permettrait de récolter les fruits de cette opposition et lui ravir leur place à gauche, estime aussi le politologue Fernando Vallespin.
Si Pedro Sanchez échoue, s'ouvre une période de deux mois au cours de laquelle d'autres négociations entre partis sont encore possibles et, en cas d'échec, de nouvelles élections seront organisées, en principe le 26 juin.
"Ma proposition est claire: sortons l'Espagne du blocage (...), lançons le changement que des millions d'Espagnols demandent (...) La réponse sera +oui+ ou +non+. Et là nous saurons où se trouve chacun", a-t-il conclu, mettant ainsi en garde Podemos, que certains accusent déjà de devenir l'allié objectif de la droite.
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