Le Premier ministre, Manuel Valls, a décidé lundi de reporter au 24 mars le passage en conseil des ministres du projet, qui se heurte à une forte opposition des syndicats et d'une partie de la gauche, pour le "retravailler".
Cette décision a immédiatement été analysée comme "une reculade" par de nombreux éditorialistes. M. Valls a répondu à cette critique mardi à l'Assemblée nationale en jugeant ce terme "exagéré".
"Le texte a donné lieu à des interrogations, c'est assez légitime, à des questionnements, je les comprends. C'est pourquoi le Premier ministre a prévu une concertation. Il vaut mieux prendre du temps pour mieux en gagner", avait expliqué dans la matinée François Hollande en marge d'une visite d'entreprise en Seine-Saint-Denis.
"Il n'y a pas d'autre voie que le mouvement. Rien ne serait pire que l'immobilisme ou de tout mettre en cause dans notre droit, notamment notre droit du travail", a insisté le président de la République.
Il a, au passage, apporté son soutien à la ministre du Travail, Myriam El Khomri, en première ligne pour défendre le texte et qui a été hospitalisée mardi matin pour des examens après ce qui a d'abord été présenté comme "un petit malaise" puis un "accident domestique". Mme El Khomri est "une femme courageuse qui a des convictions", a dit le chef de l'État.
"Rien de grave, tout va bien !" a tweeté la ministre mardi après-midi, après être sortie de l'hôpital. Elle devait reprendre ses activités mercredi, selon son cabinet.
L'opposition au projet a pris plusieurs formes, allant d'une tribune incendiaire signée par des figures de gauche dont Martine Aubry à une pétition qui rassemblait, mardi en fin d'après-midi, plus de 860.000 signataires en ligne.
Jusqu'au juriste Antoine Lyon-Caen, membre du comité Badinter qui a remis récemment au gouvernement un rapport sur la réforme du droit du travail, pour qui certaines mesures du texte sont "purement opportunistes" et ne "profitent qu'aux grandes entreprises".
- "Vrais désaccords" -
Mardi, plusieurs organisations de jeunesse dont le premier syndicat étudiant, l'Unef, ont appelé à une journée d'action le 9 mars, avec un rassemblement place de la République à Paris, pour réclamer le retrait du projet.
Dans sa version initiale, le texte prévoit notamment des référendums d'entreprise pour valider des accords minoritaires, un plafonnement des indemnités prud'homales pour les licenciements abusifs, des modifications des modalités de licenciement économique ou encore la création du compte personnel d'activité (CPA) rassemblant les droits sociaux.
Les lycéens (UNL, Fidl), des organisations de jeunesse, politiques et syndicales, ont pris part à l'appel.
Par ailleurs, à l'appel des syndicats régionaux Ile-de-France CGT, FO, FSU et Solidaires, et des mêmes organisations de jeunesse, un autre rendez-vous est fixé mercredi devant le siège du Medef à Paris à 12H30 pour se rendre au ministère du Travail.
Quant aux centrales syndicales, elles seront une dizaine à participer jeudi à deux réunions pour tenter de se mettre d'accord sur les modifications à réclamer à l'exécutif et discuter d'une mobilisation qui aurait lieu fin mars.
Certaines, comme la CGT et FO, exigent le retrait du projet. D'autres, comme la CFDT, pointant de "vrais désaccords", veulent faire bouger le texte, notamment sur la définition du licenciement économique.
Pendant ce temps, Manuel Valls prépare le terrain avec les députés PS avant l'examen du texte à l'Assemblée, toujours prévu en avril. Il a accédé mardi à la demande d'un "séminaire" du groupe socialiste à l'Assemblée pour "travailler ensemble".
Le Premier ministre a aussi reporté un voyage en Nouvelle-Calédonie et en Australie, initialement prévu du 10 au 14 mars, pour consulter les partenaires sociaux.
Il recevra individuellement les organisations syndicales et patronales représentatives lors de la semaine du 7 mars, précise Matignon, avant de les rencontrer de nouveau au début de la semaine suivante, pour "restituer les travaux" visant à amender le projet de loi.
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