"On espère des réponses", a dit à son arrivée Elisabeth Fouquet, mère de la policière de 26 ans morte à Villiers-sur-Marne, au terme d'une course poursuite folle entre un commando de braqueurs et les forces de l'ordre.
"C'est capital, capital pour nous, pour son petit (garçon désormais âgé de six ans, ndlr), pour toute la famille", a dit cette menue dame rousse, à la voix douce. L'avocat des proches de la policière, Franck-Laurent Liénard, veut croire à un "moment de vérité" brisant la "loi du silence" qui a gouverné les accusés pendant l'enquête, selon une source proche du dossier.
Neuf hommes doivent être jugés par la cour d'assises de Paris, dont l'un en son absence, lors d'un procès de sept semaines, qui verra défiler une centaine de témoins et 25 experts.
Trois hommes sont directement accusés du meurtre d'Aurélie Fouquet: Daouda Baba, Rabia Hideur et Olivier Tracoulat. Ce dernier, blessé, peut-être mortellement, lors de la fusillade en 2010, n'a pas été retrouvé. Tous risquent la réclusion criminelle à perpétuité.
Les six autres, pour la plupart des récidivistes, sont jugés pour une longue liste de crimes et délits, allant de l'association de malfaiteurs à la détention illégale d'armes.
Parmi eux, Redoine Faïd, représentant d'une génération de malfaiteurs de banlieues gavés aux films d'action, lourdement armés, très organisés.
Le multirécidiviste de 43 ans, au visage presque poupin barré par des sourcils fournis, a dit être "attaché commercial" au président de la cour d'assises.
Les autres accusés, arborant comme lui, à une exception près, crânes et mentons rasés à blanc, se sont présentés comme "boxeur" ou encore "auto-entrepreneur dans le bâtiment". Au total, cinq sont détenus.
- "Opération de guerre" -
La première journée doit être consacrée au tirage au sort des jurés, à l'appel des témoins et, ensuite, à l'exposé des faits.
Redoine Faïd, qui a été pendant six semaines en 2013 l'homme le plus recherché de France après une spectaculaire évasion, n'est pas accusé de meurtre parce qu'il n'a pas participé en personne à la fusillade, selon les résultats de l'enquête.
Son avocat Christian Saint-Palais a rappelé que le "caïd des cités" autoproclamé, qui risque la perpétuité, a toujours nié toute implication dans ce fait divers sanglant. "Je crains que sa réputation ne l'ait poursuivi", a-t-il dit, appelant à "faire fi de l'émotion".
Le parquet est persuadé que Redoine Faïd, qui au moment des faits faisait l'article d'une autobiographie dans laquelle il prétendait s'être repenti, est le "dénominateur commun" d'un groupe d'hommes aux casiers souvent surchargés, "l'organisateur" d'une "opération de guerre".
Le plan, dont l'objectif était d'attaquer un fourgon blindé, déraille le 20 mai 2010 vers 09H15 à Créteil, près de Paris, lorsque des policiers repèrent une camionnette blanche endommagée par ce qui ressemble à des impacts de balles.
Pris en chasse, le véhicule fonce sur l'autoroute, ses occupants canardent les policiers. Des automobilistes sont blessés.
Arrivés à Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne), les hommes cagoulés, gantés, vêtus de treillis sombres et équipés de gilets pare-balles, abandonnent et incendient le premier véhicule, en braquent un autre. Arrive une voiture de police municipale, qui essuie une vingtaine de tirs: une "véritable exécution", selon une source proche de l'enquête.
Les deux policiers à bord sont blessés: Thierry Moreau au thorax, et Aurélie Fouquet à la tête. Elle succombera quelques heures plus tard, alors que les braqueurs ont pris la fuite.
Il faudra plusieurs mois pour que tous les suspects soient interpellés.
La mort de la jeune femme avait suscité une vive émotion dans les rangs des policiers municipaux, et un fort écho politique: le président Nicolas Sarkozy s'était rendu aux obsèques.
Il avait aussi participé l'an dernier à une cérémonie marquant les cinq ans du drame, avec le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.
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