Finis la confiance en soi exacerbée et les raouts au budget faramineux des années passées: le groupe allemand aux douze enseignes, parmi lesquelles la marque du même nom mais aussi Seat, Skoda, Porsche ou Audi, a fait profil bas lors d'une soirée organisée devant un public plus réduit qu'à l'accoutumée, dans l'espoir de reconquérir le coeur de ses clients européens.
Le salon de Genève, première grand-messe de l'année sur le Vieux continent, ouvrira ses portes à la presse mardi et au public jeudi.
Façonner l'avenir ne peut se faire "que si nous apprenons en même temps des erreurs du passé", a déclaré devant un public de 400 journalistes et responsables du groupe Matthias Müller, aux commandes du mastodonte depuis fin septembre. Volkswagen, démasqué par les autorités américaines, avait alors avoué avoir truqué le moteur de 11 millions de voitures diesel dans le monde pour les faire passer pour moins polluantes qu'elles ne sont, via un logiciel.
"Avec la manipulation du logiciel, des règles ont été brisées et des frontières éthiques dépassées. Nous savons que nous avons déçu beaucoup de gens qui ont fait confiance à Volkswagen", a déclaré lundi M. Müller. "Nous travaillons de toutes nos forces à restaurer cette confiance", a-t-il affirmé.
"2016 est l'année au cours de laquelle nous comptons résoudre le problème de nos moteurs diesel" et jeter les bases "d'un nouveau Volkswagen, d'un meilleur Volkswagen", a promis l'ancien patron de la marque Porsche.
"Nous nous donnons cette double tâche, avec le respect nécessaire, mais également confiants dans le fait que ce groupe peut et va avec ses marques sortir renforcé de cette phase difficile", a-t-il assuré.
Le groupe fait donc acte de contrition en Europe après l'échec d'un mea culpa aux Etats-Unis, pays d'où est parti le scandale, en début d'année. M. Müller avait nié tout mensonge dans une interview à la radio, parlant à propos des moteurs truqués d'un "problème technique", ce qui avait suscité un tollé.
- Humilité de rigueur -
L'attitude adoptée par le groupe, qui affronte le pire scandale de son histoire, correspond aux attentes des experts.
"Il cherche à apparaître plus ouvert, plus transparent", relève le spécialiste automobile allemand Stefan Bratzel, interrogé par l'AFP.
Pour son compatriote Ferdinand Dudenhöffer, directeur du centre de recherche CAR, "Volkswagen se montre plus humain".
"Dans les six à neuf mois qui viennent, Volkswagen va avoir la tâche difficile de regagner la confiance de ses clients et ce n'est pas chose facile. Mais les ventes ne vont pas s'effondrer en Europe comme c'est le cas aux Etats-Unis", estime M. Dudenhöffer.
D'après M. Bratzel, "il est possible que les clients oublient vite s'ils ont le sentiment que Volkswagen s'occupe du problème".
La marque Volkswagen est celle qui souffre le plus, au sein du groupe. En janvier, elle a accusé un repli des ventes de 2,6% en Europe de l'ouest, dont -5% en Allemagne, et un décrochage de près de 15% aux Etats-Unis.
L'entreprise a essuyé entre juillet et septembre sa première perte nette en 15 ans et mène toujours des négociations avec les autorités américains sur les modalités de correction du trucage. "Le dialogue constructif fait des progrès, donc nous verrons ce qui se passe dans les semaines et mois qui viennent", a indiqué M. Müller à Bloomberg TV.
En Europe, le rappel des voitures du groupe concernés par la tricherie a commencé en douceur.
M. Müller a aussi voulu lundi positionner son groupe vers l'avenir, en annonçant une offensive dans le domaine du numérique et de la conduite autonome.
"Volkswagen reste un géant qui a les reins pour passer l'étape, et qui conservera malgré ce choc une capacité d'innovation supérieure à ses concurrents", souligne François Jaumain, associé responsable du secteur automobile chez PwC.
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