L'Inde affiche la plus forte croissance mondiale mais la sécheresse et les millions d'emplois manquants pour sa jeune population active ont plongé dans le désespoir nombre d'habitants des zones rurales, aboutissant à de récentes émeutes meurtrières.
Le ministre des Finances, Arun Jaitley, a estimé lundi que les 120 millions d'agriculteurs constituaient "la colonne vertébrale de la sécurité alimentaire de l'Inde" et leur a promis un budget annuel de 359 milliards de roupies (5,2 mds USD) dans le projet de budget 2016/17 (clos fin mars) qu'il a présenté devant le parlement.
"Nous devons redonner à nos agriculteurs l'assurance d'une sécurité sur leurs revenus", a-t-il dit.
Pour concrétiser sa promesse de doubler leurs revenus d'ici cinq ans, le gouvernement va mettre en place un plan d'assurances des récoltes, améliorer leur accès aux marchés et accélérer le déploiement d'internet.
Il va également renforcer le budget du programme de garantie d'emplois en milieu rural (NREGA) mis en place par le précédent gouvernement dirigé par le parti du Congrès. Ce programme garantit 100 jours d'emploi par an sur des travaux publics pour tout foyer qui en fait la demande.
Le gouvernement a aussi promis d'électrifier tous les villages d'ici mai 2018. Quelque 300 millions d'habitants n'ont toujours pas accès à l'électricité en Inde.
Globalement, l'Inde va consacrer dans son budget annuel 877,6 milliards de roupies (12,7 milliards de dollars) au développement du monde rural, a ajouté Arun Jaitley.
Le gouvernement conduit par le parti nationaliste hindou Bharatiya Janata Party (BJP) doit affronter de délicates élections dans plusieurs grands Etats cette année et l'an prochain où le vote du monde rural sera crucial.
En novembre, le BJP a subi un cuisant revers dans le Bihar, l'un des Etats les plus grands et les plus pauvres du pays.
- Réformes bloquées -
Il a besoin de gagner des élections pour renforcer son poids à la chambre haute du parlement où il ne peut, faute de majorité, faire passer ses projets de réforme, en particulier la mise en place d'une TVA harmonisée au niveau national.
Narendra Modi a promis d'accélérer la croissance en Inde, troisième économie asiatique, mais les investisseurs s'inquiètent de la lenteur du changement et estiment que ce troisième budget de son gouvernement constitue un "quitte ou double".
Ils s'attendaient à un relâchement sur le front du déficit public mais Jaitley a réaffirmé l'ambitieux objectif d'une réduction du déficit à 3,5% en 2016/17.
"J'ai soupesé les options et décidé que la prudence résidait dans le maintien des objectifs de déficit", a-t-il dit.
L'Inde et sa croissance de plus de 7% apparaissent comme un point d'appui pour l'économie mondiale secouée par le ralentissement chinois, le plongeon des cours des matières premières et les difficultés de autres grands pays émergents.
Mais l'économie indienne ressent la faiblesse de la demande mondiale, ses exportations se contractant depuis 14 mois tandis que l'investissement privé reste fragile.
Le gouvernement prévoit une croissance comprise entre 7% et 7,75% pour 2016/17, au même niveau que cette année. "Si le monde ralentit, nous allons également ralentir", a prévenu vendredi le conseiller économique du gouvernement, Arvind Subramanian.
Les économistes attendaient des signes sur la mise en place de la TVA harmonisée (GST) dans ce projet de budget, l'une des clés pour la campagne en faveur du "Make in India" de M. Modi.
Mais l'agriculture reste de loin le premier employeur en Inde et les agriculteurs souffrent de deux années de faible mousson.
Les Jats, une communauté d'agriculteurs et propriétaires terriens, ont déclenché des émeutes dans le nord de l'Inde il y a une dizaine de jours pour accéder aux quotas d'emplois publics et de places à l'université réservés habituellement aux basses castes.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.