M. Valls a été accueilli dans une ambiance calme mais tendue dans les différents stands de l'allée centrale. Il s'est arrêté à de nombreuses reprises, discutant avec les agriculteurs, le visage grave.
Quelques huées et quolibets ont salué sa déambulation dans la partie réservée aux éleveurs de vaches laitières, les plus remuants.
"Vas te cacher. T'as rien compris petit zizi, tu vas pas changer l'Europe", a hurlé l'un d'eux à l'adresse du chef du gouvernement. Un grand panneau avec une bâche noire avait été dressé, frappé du slogan: "je suis le top de la qualité française mais ma passion ne suffit plus".
"C'est de l'esclavage! On est 200 ans en arrière dans l'agriculture. Ils en ont rien à foutre de l'agriculture!", a crié un éleveur en direction de M. Valls et du ministre Stéphane Le Foll.
"On a l'impression d'être abandonnés", a expliqué au Premier ministre, Claude Duval, installé depuis 1973 et qui possède 100 vaches laitières. Ce à quoi M. Valls a répondu: "on est conscient de vos problèmes".
Outre le niveau très bas des prix de vente du lait, l'éleveur, dont la vache Eugénie, de race salers et âgée de 7 ans, avait été championne de l'édition 2015 du Salon, s'est plaint aussi de problèmes de sécheresse touchant le fourrage.
Après le stand d'Eugénie, M. Valls a eu un échange tendu avec un groupe d'éleveurs.
"Vous êtes les pantins de l'Europe", lui a lancé François, éleveur dans l'Eure, avant d'ajouter: "ils sont là pour se pavaner mais ils n'ont aucun pouvoir et nous on crève".
Le Premier ministre lui a répondu sur le même ton: "on vient tous les ans. C'est toujours la même chose. Si on ne vient pas, on est des trouillards, si on vient, on vient se pavaner".
L'agriculteur a reproché au gouvernement un manque de résultats. "C'est quoi les résultats pour vous?", lui a demandé le Premier ministre. "Ben le lait il est payé zéro euro", a-t-il répondu. "Et vous pensez que c'est en claquant des doigts...?", l'a interrogé Manuel Valls.
Interrogé par d'autres éleveurs sur la vision "libérale" de Bruxelles qui voudrait que le marché s'autorégule, le Premier ministre a rappelé avoir vu la semaine passée le commissaire européen Phil Hogan.
"Il y a une prise de conscience, je pense, de la gravité de la crise", a souligné M. Valls. Mais, pour le Premier ministre, il ne peut pas y avoir de crise de confiance en Europe sur ce sujet-là. "Les deux premiers piliers de l'Europe, c'était l'acier et l'agriculture. Il ne faut pas que ce pilier-là s'effondre".
M. Valls a parlé aussi à Etienne, un éleveur de Franche-Comté. "Il n'y a rien qui avance", a dit le jeune homme désabusé, en déplorant: "il (le gouvernement) avait annoncé 1,40 euro sur le porc l'été dernier, on est à 1,10. Pour le lait c'est pareil c'est scandaleux ! Il n'y a que les gens qui gravitent autour de nous qui gagnent leur vie (industriels de l'agroalimentaire, distributeurs, ndlr), et eux ils ne travaillent pas 24h sur 24 !!!"
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