A Héric, l'un des deux points de rassemblement situé à l'une des extrémités de la "Zad", la zone d'aménagement différé rebaptisée "zone à défendre" par les opposants, plusieurs centaines de personnes, dont beaucoup d'enfants, se tenaient prêtes à partir en vélo, aux côtés d'une trentaine de tracteurs arborant de grandes pancartes "Paysans Oui, Avions Non", "Non aux expulsions", a constaté un journaliste de l'AFP.
Pour l'un des manifestants, Jean Bernard, juché sur son vélo, la mobilisation "va bien au-delà" de la contestation de l'infrastructure aéroportuaire, "c'est tout un système qu'on veut combattre", explique-t-il, se disant écoeuré par "ce système de pouvoir, de l'argent" et qualifiant de "piège à crabes" le référendum annoncé par le président.
Symboliquement, les manifestants se sont rassemblés là où doivent commencer la construction de deux échangeurs. Ils bloqueront ensuite les axes Nantes-Rennes d'un côté et Nantes-Vannes de l'autre, entourant ainsi le périmètre du futur aéroport, avant de se rassembler en milieu de journée au Temple-de-Bretagne.
Ces routes à quatre voies ont été fermées à la circulation samedi matin et des déviations ont été mises en place, a indiqué le Centre régional d'information routière.
Selon Dominique Fresneau, coprésident de l'Acipa, l'une des principales associations d'opposants à l'aéroport, plus de 20.000 personnes sont attendues. La mobilisation devrait être, pour lui, du même ordre que lors de la manifestation du 22 février 2014, lorsqu'entre 20.000 et 40.000 personnes avaient défilé à Nantes, donnant lieu, en parallèle, à des violences et dégradations par plusieurs centaines de radicaux.
A l'origine, cette mobilisation vise à combattre l'expulsion des 15 derniers habitants historiques de la surface prévue pour l'infrastructure, qui ont vu leurs derniers recours rejetés par la justice fin janvier. Ces 11 familles et quatre agriculteurs ont pour les derniers d'entre eux jusqu'au 26 mars pour quitter les lieux, a averti la justice, qui n'a toutefois pas assorti cette décision d'astreinte financière.
- Démonstration de force -
Depuis cette décision, le président de la République a annoncé le 11 février l'organisation d'un référendum pour trancher sur ce projet d'aéroport vieux de près d'un demi-siècle, dont Aéroports du Grand Ouest (AGO), filiale de Vinci, a été désigné concessionnaire. Son Premier ministre Manuel Valls a dit son souhait de lancer les travaux dès octobre en cas de victoire du "oui".
Mais ni la date, ni la question exacte, ni le périmètre (la Loire-Atlantique ou la région Pays de la Loire, voire la Bretagne) de cette consultation, qui pose de complexes questions juridiques, n'ont été tranchés.
"On se méfie beaucoup", confie M. Fresneau, qui voit dans ce projet de référendum une tentative "d'enfumage" de la part des pouvoirs publics. "On sent qu'on ne sera pas à égalité de moyens" avec les partisans de l'aéroport, soutenu par l'ensemble des élus de la région, observe-t-il.
"C'est le dernier atout que François Hollande a trouvé pour tenter de faire passer ce projet en force", analyse l'opposant, qui attend beaucoup de "la remise à plat du projet" promise par la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal et des recours environnementaux déposés devant la justice.
Le projet de référendum n'a pas été beaucoup plus apprécié par les partisans du projet qui font valoir qu'il a été déjà approuvé par les différentes collectivités concernées et par de nombreuses décisions de justice. Le nouveau président de la région Pays de la Loire, Bruno Retailleau (LR), demande au gouvernement d'évacuer les quelques centaines d'anti-capitalistes qui occupent le site prévu pour le projet et de lancer les travaux.
Les opposants ont déjà réussi une démonstration de force le 9 janvier, en réunissant entre 7.200 et 20.000 personnes sur le périphérique nantais.
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