Une heure à peine après son arrivée, François Hollande, qui avait débuté sa visite peu avant 7H, a été accueilli par des sifflets accompagnés d'insultes et d'appels à la démission, lancés par une haie d'éleveurs en colère en t-shirts noirs.
"Il s'en fout complètement de nous", "Bon à rien", "on n'est pas des migrants", "connard", "fumier", ces éleveurs n'ont pas mâché leurs mots, exprimant le désespoir d'une profession au bord du gouffre.
"Les cris de détresse, je les entends", et "si je suis venu au salon ce n'est (...) pas simplement pour faire un tour, (...) c'est pour entendre y compris des cris de douleur, des cris de souffrance", a réagi le président, qui a poursuivi sa visite sans interruption.
"Si je suis là aujourd'hui c'est pour montrer qu'il y a une solidarité nationale", et "on va tout faire" pour aider l'agriculture, car "en défendant l'agriculture je défends toute la nation", a encore déclaré le président.
Le chef de l'Etat a mis la pression sur les groupes de grande distribution, accusés d'accentuer la crise des éleveurs en extorquant des baisses de tarifs à leurs fournisseurs, en affirmant qu'il fallait revoir la Loi de modernisation de l'économie, adoptée en 2008 et qui régit les négociations commerciales.
Par ailleurs, des heurts ont éclaté vers 9H30 autour du stand du ministère de l'Agriculture. Des dizaines de manifestants de la FNSEA ont démonté la structure et protesté bruyamment à grands coups de sifflets, poussant les CRS à intervenir pour les mettre à l'écart.
"Je suis aux côtés des agriculteurs d'Ile-de-France qui sont venus dire haut et fort devant le stand (...) que les producteurs agricoles de ce pays ne se sentaient pas des citoyens. Voilà l'exaspération, voilà où on en est!", a expliqué à l'AFP le secrétaire général du syndicat agricole, Dominique Barreau.
Deux agriculteurs ont été interpellés, selon Damien Greffin, un autre représentant du syndicat.
Avec l'effondrement généralisé des cours agricoles qui frappe en particulier les éleveurs, plus de 40.000 exploitations sont en situation d'extrême urgence, selon le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, qui accompagne le président durant sa visite.
- "Le coeur n'y est pas" -
Stéphane Le Foll, accablé par des sondages défavorables, et le Premier ministre Manuel Valls n'ont rien ménagé ces derniers jours pour calmer les esprits à l'approche de ce rendez-vous annuel.
Même le commissaire européen, l'Irlandais Phil Hogan, est venu jeudi à la rescousse, pour assurer les agriculteurs français de sa détermination à trouver des solutions.
Malgré le désespoir ambiant, les professionnels n'ont pas boycotté ce salon, foire-exposition de l'excellence des terroirs français et d'un modèle qui s'interroge sur son avenir.
"On y va même si le c?ur n'y est pas. C'est souvent la seule semaine de vacances des agriculteurs, mais ils sont à fleur de peau", confie Florent Dornier, secrétaire général des Jeunes agriculteurs (JA). "C'est peut-être un des salons les plus compliqués depuis 20 ou 30 ans".
Par ailleurs le contexte sécuritaire et l'état d'urgence ont réduit les festivités: outre les contrôles renforcés aux entrées, les nocturnes et la soirée des professionnels, le jeudi, ont été annulées.
Malgré tout, à l'approche du compte-à-rebours électoral de 2017 et en vue des primaires à droite, plus que jamais le rendez-vous du Salon sera aussi celui des politiques - surtout de l'opposition - qui vont fouler en rangs serrés les allées parmi les près de 700.000 visiteurs attendus jusqu'au 6 mars.
A tous, la FNSEA a adressé un questionnaire en 13 points sur les problématiques agricoles. "Ceux qui n'auront pas répondu feront mieux de ne pas s'arrêter à notre stand", prévient son président Xavier Beulin. "Le cul des vaches, le petit verre qui va bien et le sourire sur photo... aujourd'hui on est sur autre chose", avertit-il carrément.
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