Selon ce sondage réalisé pour le Irish Times, le Fine Gael (centre-droit) du Premier ministre Enda Kenny a obtenu 26,1% soit dix points de moins qu'il y a cinq ans tandis que son partenaire travailliste est crédité de 7,8% des voix, soit une dégringolade de 11 points. Des résultats qui ne permettent pas la reconduction de leur alliance gouvernementale telle quelle.
A l'inverse, le Fianna Fail (centre-droit) ferait mieux qu'en 2011, à 22,9%, tandis que le parti nationaliste de gauche Sinn Fein de Gerry Adams gagnerait son pari de devenir le troisième parti du pays avec 14,9% des suffrages.
Un second sondage sortie des urnes doit être publié par la chaîne publique RTE samedi à 07H00 (locales et GMT) alors que le décompte des bulletins de vote doit commencer à 09H00.
Les résultats définitifs ne devraient pas être connus avant les premières heures de dimanche.
Les bureaux de vote avaient ouverts à 07H00 GMT vendredi et ont fermé à 22H00 GMT. Quelque 3,2 millions d'électeurs étaient appelés à choisir 158 députés.
Aucun chiffre de participation n'était disponible mais vendredi après-midi RTE estimait que le taux de participation était équivalent à celui des précédentes élections, qui s'était établi à 70%.
Face aux prédictions d'un vote morcelé et d'une montée en puissance des candidats indépendants, Briain Colgan un architecte de 50 ans venu voter dans une école de la baie de Dublin a prédit qu'"il n'y aura(it) pas de gouvernement. On va être de retour ici dans neuf mois".
Richard, venu voter avec sa fille, s'attend lui à un gouvernement sans majorité formé par le Fine Gael avec, espère-t-il, des candidats indépendants et libéraux-démocrates.
- Rejet de l'austérité et des partis traditionnels -
Les électeurs de l'île, qui avait sombré dans une profonde récession après 2008 avant de se redresser, ont été nombreux à exprimer leur rejet de l'austérité, comme celui des partis traditionnels, sur fond de crainte d'une possible sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne qui nuirait à l'économie irlandaise.
Jim, un auto-entrepreneur qui confie avoir voté "pour les indépendants et le Sinn Fein", estime que le gouvernement sortant "a bafoué toutes ses promesses".
Dean Murphy, un maçon au chômage de 30 ans, espère que "le Sinn Fein ira jusqu'au bout" et sera le premier parti d'Irlande.
Le parti nationaliste de gauche de Gerry Adams, dont la popularité est en forte hausse, entendait conquérir le vote des jeunes et des classes populaires avec son discours anti-austérité, même si son passé sulfureux en Irlande du Nord engendre encore beaucoup de méfiance.
- Reprise économique pas perceptible par tous -
Nombre d'électeurs espèrent voir la reprise économique - le pays a connu une croissance de 7% sur les neuf premiers mois de 2015 - se matérialiser véritablement dans leur vie.
Pour d'autres, la question centrale porte sur l'avortement, un sujet sensible dans ce pays très catholique dont la législation continue de l'interdire même en cas de viol, de malformation du foetus ou de risques pour la mère.
"Ma femme et moi, nous sommes contre l'avortement donc nous ne voterons pas pour un candidat qui l'autoriserait, peu importe sa vision en termes d'économie", explique ainsi le sexagénaire Paddy accompagnée de son épouse. A l'inverse, Suzanne Handley, une comptable de 47 ans, est avant tout préoccupée "par les droits des femmes".
Trois scénarios semblent possibles: la reconduction du gouvernement de coalition formé par le Fine Gael et le Labour probablement élargi à des personnalités indépendantes et des petits partis, la tenue de nouvelles élections ou la formation d'une coalition historique entre les deux partis ennemis de centre-droit qui gouvernent alternativement le pays depuis 1932: le Fine Gael et le Fianna Fail.
Jeudi, le Premier ministre Enda Kenny a écarté cette dernière option.
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