L'élection tant attendue du nouveau président a démarré à 13h50 (12h50 GMT) par le vote de 207 fédérations sur les 209 membres de l'instance mondiale, l'Indonésie et le Koweït, suspendus, en ayant été privés par le Congrès en début de matinée.
Le 1er tour a confirmé le statut de grands favoris de l'Italo-Suisse Gianni Infantino et du Cheikh Salman. Le N.2 de l'UEFA a recueilli 88 voix juste devant le Bahreïni, patron de la Confédération asiatique (AFC) arrivé en 2e position (85).
Les deux autres postulants sont loin derrière, le Prince jordanien Ali (unique concurrent du sortant Joseph Blatter au scrutin de 2015) ayant obtenu 27 voix, tandis que le Français Jérôme Champagne, ex-secrétaire général adjoint de la Fifa, n'a récolté que 7 bulletins.
Il fallait 138 votes pour être élu au 1er tour et il faudra la majorité des suffrages exprimés pour être élu au 2e (soit 104 voix, s'il n'y a pas de bulletin nul).
L'élection est donc très indécise et les reports de voix vont s'avérer cruciaux.
Juste avant le début du scrutin, le Sud-Africain Tokyo Sexwale, ex-militant anti-apartheid aux côtés de Nelson Mandela, dont les chances étaient quasi nulles, avait annoncé qu'il abandonnait la bataille pour se mettre "au service du futur président".
Ils ne sont donc plus que quatre à briguer la succession de "Sepp" Blatter, qui a dirigé l'instance mondiale durant 17 ans avant d'être forcé à la démission le 2 juin 2015, trois jours à peine après sa réélection pour un 5e mandat.
- Afrique, juge de paix -
Le Cheikh Salman et Infantino peuvent chacun compter sur le soutien officiel de leur continent, l'Asie (46 voix) pour Salman et l'Europe (53) pour Infantino. Mais le front asiatique s'était quelque peu effrité avant le Congrès: outre la mise hors-jeu du Koweit et de l'Indonésie, l'Australie, également membre de l'AFC, avait assuré pencher pour le Prince Ali.
Les Etats-Unis ont fait de même, alors que le Canada a annoncé son soutien à Infantino, qui a également celui de l'Amérique du Sud (10) et centrale (7). Les autres pays du continent américain et l'Océanie (11) n'ont pas donné de consigne de vote.
Mais c'est surtout la position de l'Afrique, traditionnel juge de paix de l'élection à la présidence de la Fifa, qui risque d'être une nouvelle fois décisive.
La Confédération africaine (CAF), qui dispose du plus gros réservoir de voix (54), a officiellement appelé à voter pour le Cheikh Salman. Mais Infantino a bon espoir d'avoir retourné certaines fédérations même si son étiquette d'Européen et de technocrate siglé UEFA constituent de sérieux handicaps.
Dans son discours juste avant le vote, il a promis de "redistribuer 25% des revenus de la Fifa aux fédérations" en cas de victoire, un argument qui peut faire mouche.
- Salman critiqué -
Le Cheikh Salman est lui fragilisé par les critiques des ONG de défense des droits de l'Homme sur son rôle présumé dans la répression du soulèvement démocratique dans son pays en 2011. Une poignée de manifestants anti-Salman s'est même postée devant le Hallenstadion, centre des congrès de Zurich où la Fifa s'est réunie.
La tâche du successeur de Blatter, quel qu'il soit, promet d'être herculéenne: il s'agit de restaurer auprès du grand public et des sponsors une crédibilité et une confiance en ruines.
Et son poste sera exposé. Aura-t-il à gérer les suites de nouvelles poursuites judiciaires ? Cette éventualité est dans toutes les têtes.
"L'avenir de la Fifa est en jeu après une année de crise, a reconnu à la tribune Issa Hayatou, président par intérim depuis la suspension de Blatter. Nous avons l'occasion de rectifier le tir."
A quoi il faut ajouter un "environnement économique difficile", selon le secrétaire général Markus Kattner. Malgré des réserves de 1,5 milliard de dollars, la Fifa est "en retard de 550 millions de dollars" (500 M EUR) sur ses objectifs financiers d'ici à 2018, a assuré Kattner, qui a tout de même maintenu "l'objectif de chiffre d'affaires de 5 milliards de dollars pour la période 2015-2018".
Selon une source proche de l'organisation, la Fifa devrait enregistrer en 2015 des pertes un peu supérieures à 100 millions de dollars.
Durant la matinée, le Congrès a également validé le train de réformes censé restaurer une image largement écornée. Elles visent essentiellement à améliorer la gouvernance avec une limitation à 12 ans du cumul des mandats du président, à contrôler de l'intégrité des élus et à augmenter la transparence des rémunérations.
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