La résolution, proposée par Washington et âprement négociée avec Pékin, seul allié de Pyongyang, sera examinée à la loupe par la Russie. Ce qui pourrait retarder son adoption, prévue ce week-end, sans toutefois la remettre en cause, selon des diplomates du Conseil.
"Nous avons besoin de temps pour étudier le projet de texte qui est très technique et détaillé", a déclaré l'ambassadeur adjoint russe Petr Iliichev.
L'ambassadrice américaine Samantha Power a présenté le projet à ses 14 collègues du Conseil de sécurité. "Pour la première fois dans l'histoire, toutes les cargaisons allant ou provenant de la Corée du Nord seront soumises à une inspection obligatoire", a-t-elle précisé.
Ce texte répond au quatrième essai nucléaire mené par Pyongyang le 6 janvier, qui avait été suivi d'un tir de missile le 7 février.
Le projet -- 22 pages avec ses annexes -- "stipule que tous les Etats devront inspecter les cargaisons (nord-coréennes) se trouvant ou transitant sur leur territoire, y compris les aéroports, ports et zones franches".
Selon le président du Conseil, l'ambassadeur vénézuélien Rafael Ramirez, le texte pourrait être adopté "au cours du week-end".
Mme Power a aussi cité parmi les nouveautés du texte un embargo total sur les armes conventionnelles et sur les équipement à double usage civil et militaire.
La Corée du Nord subira des restrictions à l'exportation de certains minéraux (charbon, fer, or, titane, terres rares) ainsi qu'une interdiction de lui fournir du carburant pour avions ou fusées.
Les navires nord-coréens "soupçonnés de transporter des produits illicites" ne pourront plus faire relâche dans les ports étrangers.
Appliquées strictement, ces sanctions feront peser sur le régime communiste "une pression beaucoup plus importante" que les précédentes résolutions prises par l'ONU depuis dix ans, a affirmé Mme Power.
Elles "enverront un message sans ambiguïté au régime nord-coréen: (..) nous travaillerons sans relâche et de manière collective pour stopper votre programme nucléaire", a-t-elle ajouté.
L'ambassadeur français François Delattre a salué "des sanctions d'une ampleur sans précédent pour mettre un terme à la fuite en avant irresponsable du régime nord-coréen".
- Ne pas asphyxier la population -
Les nouvelles mesures, a expliqué Mme Power, ont pour objectif non pas d'asphyxier l'économie nord-coréenne, au détriment de sa population, mais de réduire les revenus qui servent à Pyongyang à financer ses programmes nucléaire et balistique.
Ainsi le pétrole brut n'est pas concerné.
La résolution permet de bloquer les vols vers la Corée du Nord soupçonnés de transporter des produits de contrebande et des mesures sont prévues pour empêcher Pyongyang d'affréter des cargos sous pavillon de complaisance.
Trente-deux navires nord-coréens sont mis sur une liste noire et ne pourront plus accoster à l'étranger.
Les pays membres de l'ONU seront tenus "d'expulser les diplomates nord-coréens impliqués dans des activités illicites".
Les sanctions financières et bancaires sont aussi alourdies: fermeture de succursales bancaires en Corée du Nord et de succursales nord-coréennes à l'étranger.
Dans son annexe, la résolution double le nombre de personnes (17 au total) et d'entités (12) sanctionnés pour leur rôle dans les programmes nucléaire et balistique.
Enfin le projet détaille les produits de luxe que les dignitaires du régime communiste ne devraient plus pouvoir se procurer: montres, jet-skis, équipements de sport, etc..
"Nous sommes tout à fait réalistes", reconnait cependant un responsable américain: Pyongyang a "donné la priorité à ses programmes d'armement massifs".
"Il y aura toujours, ajoute-t-il, des gens pour essayer de contourner ces mesures", dont certaines ont d'ailleurs une marge d'interprétation.
La Corée du Nord est déjà sous le coup d'une panoplie de sanctions internationales et américaines adoptées après trois précédents essais nucléaires, en 2006, 2009 et 2013. Ces sanctions n'ont pas empêché la dictature communiste de poursuivre sa course aux armements, soulignaient récemment des experts de l'ONU.
Malgré ce qui apparait à la communauté internationale comme une série de provocations nord-coréennes, la Chine s'efforce toujours de protéger Pyongyang, ce qui explique les six semaines qu'il a fallu à Washington et Pékin pour mettre au point un texte.
La Chine redoute un effondrement du régime communiste qui déverserait un flot de réfugiés à sa frontière. Elle s'inquiète aussi de la perspective d'une Corée réunifiée à sa porte et inféodée aux Etats-Unis.
Ces inquiétudes sont partagées en partie par la Russie, membre permanent du Conseil ayant droit de veto sur toute décision et en froid avec Washington.
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