Le nombre de chômeurs a diminué de 27.900 personnes en janvier en métropole, pour s'établir à 3,55 millions, mais ce chiffre est à prendre avec des pincettes, avertit la Dares, service des statistiques du ministère du Travail.
A la fin de chaque mois, les demandeurs d'emploi sont tenus de déclarer leur situation à Pôle emploi. S'ils ne le font pas, ils sont désinscrits d'office. En janvier, 216.900 personnes sont sortis des listes pour ce motif, soit environ 10.000 de plus qu'en décembre.
Cette hausse, "inhabituellement forte" et "inexpliquée", fait baisser le chômage, écrit la Dares, qui appelle à interpréter les résultats "en tendance", c'est-à-dire sur une période plus longue que le mois.
"Les chiffres sont honnêtes et corrects, il n'y a aucun bug", s'est pourtant défendue Myriam El Khomri, lors d'un point presse.
La ministre du Travail a vu dans les chiffres de janvier une "confirmation de la tendance qui se dessine depuis l'été dernier". Selon elle, "nous sommes à une stabilisation du nombre de demandeurs d'emploi", "préalable à la baisse du chômage".
Pôle emploi dément, de son côté, "tout dysfonctionnement dans le processus d'actualisation des demandeurs d'emploi".
Le chômage joue au yo-yo depuis juin, sans qu'aucune tendance ne se dessine. Le chômage a baissé de 27.500 personnes (-0,8%) sur trois mois, alors que les chiffres de Pôle emploi sont révélateurs d'une tendance de fond à partir d'une évolution trimestrielle de 35.000.
Le chômage reste, en outre, en hausse de 1,8% sur un an.
La tendance est encore moins favorable en incluant l'outre-mer et les demandeurs d'emploi ayant exercé une petite activité. Leur nombre est en hausse de 0,3% sur trois mois, s'établissant à 5,76 millions.
Les jeunes sont les mieux lotis. En catégorie A (sans activité), les moins de 25 ans reculent de 2,4% sur trois mois et de 5% sur un an. Mais la situation des seniors continue de se dégrader: +0,8% sur trois mois et +7,8% sur un an.
Autre point noir, le chômage de longue durée continue de faire tache d'huile. Fin janvier, 2,48 millions de demandeurs d'emploi (+1,6% sur trois mois, +9,1% sur un an), petite activité comprise, étaient inscrits depuis plus d'un an.
- signes d'amélioration -
Le doute qui entoure les chiffres de janvier ne fait pas les affaires de François Hollande, qui a récemment réaffirmé qu'il ne briguerait pas un second mandat sans baisse "crédible" du chômage en 2016.
Depuis son élection en mai 2012, Pôle emploi a vu affluer environ 630.000 chômeurs supplémentaires en métropole, mais 2015 a donné des signes d'amélioration sur le marché de l'emploi: le chômage a connu sa plus faible hausse depuis 2010 et le secteur privé a enregistré, pour la première fois depuis 2011, des créations nettes d'emplois salariés.
L'embellie va-t-elle s'amplifier en 2016 ? Selon l'Unédic, il faut plutôt s'attendre à un scénario de baisse artificielle du chômage.
Selon le gestionnaire de l'assurance chômage, le chômage devrait connaître une baisse minime (-25.000) en 2016, essentiellement due à des entrées en formation dans le cadre du plan d'urgence pour l'emploi.
Le chef de l'Etat a annoncé, pour 2016, 500.000 formations supplémentaires pour les chômeurs les moins qualifiés, soit un doublement des effectifs. L'entrée en formation fait basculer les inscrits dans la catégorie D de Pôle emploi, nettement moins commentée chaque mois que la catégorie A.
Mais l'Unédic prévient que, une fois formés, les inscrits retourneront en catégorie A en 2017, atténuant la baisse attendue l'année de la présidentielle.
Pour faire mentir les pronostics, le gouvernement mise sur la croissance, qu'elle attend à 1,5% en 2016, sur le Pacte de responsabilité et, à plus long terme, sur le projet de réforme du droit du travail, censé lever la "peur de l'embauche" invoquée par les chefs d'entreprises.
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