La commission de recours de la Fifa n'a donc pas été très clémente avec Blatter et Platini, sanctionnés en raison du paiement controversé de 1,8 million d'euros du Suisse au Français en 2011 pour un travail de conseiller achevé depuis 2002. Elle a estimé qu'ils étaient bien coupables d'avoir violé quatre articles du code d'éthique et étaient coupables notamment de conflit d'intérêt.
Dans le même temps, la commission a de nouveau écarté les charges de "corruption" et rejeté l'appel de la chambre d'instruction de la Fifa qui avait réclamé une suspension à vie.
Pour espérer être blanchis il ne reste plus aux deux hommes, les personnages les plus puissants de la planète football avant leur disgrâce, que la saisine du Tribunal arbitral du Sport (TAS), la plus haute juridiction sportive.
Le coup est rude pour le Français, déjà obligé d'abandonner la course à la succession de Blatter pour laquelle il faisait figure de grandissime favori, et dont l'objectif est désormais de restaurer une image écornée et de récupérer au moins son fauteuil de président de l'UEFA.
- Compte-à-rebours -
La Confédération européenne avait annoncé le 22 janvier qu'elle n'organiserait pas d'élection à sa tête tant que Platini n'aurait pas épuisé toutes les voies de recours.
"Sepp" Blatter n'avait lui plus grand-chose à espérer. A bientôt 80 ans (le 10 mars), sa carrière de dirigeant sportif semble derrière lui et il a déjà été remplacé par le Camerounais Issa Hayatou comme président intérimaire de la Fifa.
Pendant ce temps, le compte-à-rebours est lancé, à 48 heures du scrutin présidentiel à la Fifa, avec deux candidats en première ligne, Gianni Infantino et le Cheikh Salman, et l'Afrique comme terrain de chasse.
Dans un entretien accordé à l'AFP mercredi, Infantino, secrétaire général de l'UEFA, a assuré avoir "des raisons d'être encore plus confiant" après avoir "parcouru l'Afrique", qui s'annonce comme le véritable juge de paix du scrutin.
"Les discussions que j'ai pu avoir avec les présidents de fédérations africaines ont été très concluantes", a-t-il ajouté.
Bluff, ou véritable pierre dans le jardin du Cheikh Salman Bin Ebrahim Al Khalifa ? C'est en effet le patron de la Confédération asiatique (AFC) qui avait reçu le 5 février le soutien du Comité exécutif de la Confédération africaine (CAF).
- Salman sur la défensive -
Sur la défensive, le Bahreïni a dû faire face à diverses accusations mercredi. Déjà pointé du doigt par des organisations de défense des droits de l'Homme pour son rôle supposé dans la répression du soulèvement démocratique en 2011 au Bahrein, il est cette fois pris pour cible par un député britannique du parti conservateur, Damian Collins, pour de présumés achats de voix au moment de son accession à la présidence de l'AFC en 2013.
Un porte-parole du dirigeant bahreïni, interrogé par The Times, a affirmé qu'il n'y avait "aucune preuve crédible" derrière ces allégations.
Les candidats mineurs essayent eux d'occuper le terrain sur le plan procédural. Mais ils ont enregistré une défaite après le rejet par le TAS de la demande du Prince jordanien Ali, soutenue par le Français Jérôme Champagne, d'installer des isoloirs transparents.
Le Prince Ali a "regretté" cette décision, qui confirme donc la tenue du Congrès électif vendredi.
Les grandes manoeuvres ont en tout cas débuté à Zurich en vue de l'élection. Une réunion du Comité exécutif a adopté mercredi à l'unanimité le train de réformes qui sera soumis au vote du Congrès vendredi matin. Parmi celles-ci figure la limitation à 12 ans du cumul des mandats du futur président, alors que Blatter, réélu en mai pour un cinquième mandat, a régné durant 17 ans sur le football mondial.
- Champagne et Sexwale isolés -
Autre sujet sensible: l'Indonésie et le Koweït seront a priori privés de vote vendredi, le gouvernement de la Fifa ayant recommandé au Congrès de reporter au mois de mai l'examen de leur suspension. Si le Congrès suit le Comité exécutif, le nombre de fédérations participant à l'élection du président passerait de 209 à 207, l'absence de ces deux représentants asiatiques pouvant pénaliser le Cheikh Salman.
Après le "Comex", le gouvernement de la Fifa, mercredi, ce sont les six confédérations continentales qui réuniront jeudi, pour acter définitivement leurs consignes de vote.
Pour l'instant, Salman est appuyé par l'Asie et l'Afrique, Infantino par l'Europe et l'Amérique du Sud, ainsi que l'Amérique centrale (l'Uncaf, regroupant sept fédérations). Les autres fédérations membres de la Concacaf (Amérique du Nord et Caraïbes) ainsi que l'Océanie n'ont pas encore officialisé leurs préférences.
Selon un décompte réalisé par l'AFP sur les intentions de vote exprimées par 100 des 209 fédérations membres de la Fifa, Infantino est en tête (68) devant le Cheikh Salman (28), les trois autres candidats en lice, le Prince Ali (4), l'homme d'affaires sud-africain Tokyo Sexwale (0) et le Français Jérôme Champagne (0) semblant condamnés à un rôle de figurants.
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