Boutiques par dizaines, tireurs de charrettes à bras surchargés de sacs de riz ou de lentilles, rues animées où circulent des voitures fatiguées, immeubles en piteux état, femmes au long voile noir: le quartier populaire de Molavi dans le sud de Téhéran n'a pas grand chose à voir avec la richesse qui s'étale dans le nord de la ville.
Souriant, Yadollah Sabzi, 34 ans, se tient debout devant sa boutique dans laquelle il vend surtout du riz et des haricots en vrac. On peut y voir les portraits du fondateur de la République islamique d'Iran, l'ayatollah Rouhollah Khomeiny et de son successeur, Ali Khamenei.
A quelques jours des élections du Parlement et de l'Assemblée des experts, institution de religieux chargés de nommer et éventuellement démettre le guide suprême, il demande surtout aux futurs élus de travailler pour le bien public.
"Nous ne leur demandons pas de changer nos vies personnelles, mais de travailler pour tous" en construisant "des routes, des logements", dit Yadollah, un Kurde iranien qui vient d'une région frontalière avec l'Irak comme beaucoup d'habitants de ce quartier. Sa région a été particulièrement frappée par la guerre Iran-Irak (1980-1988).
"Ils ont été déplacés par les guerres et ont perdu leur maison et leurs proches, et ils sont venus ici (à Téhéran) pour travailler", rappelle-t-il en affirmant que les gens de sa communauté sont mal considérés et harcelés par les autorités municipales.
Or selon lui, ses compatriotes "travaillent dur, mais ne s'en sortent pas". Et plutôt que de distribuer des allocations qui servent à peine à acheter "quelques produits de base et payer quelques factures" et qui, en plus, nous ont rendus "plus paresseux", il pense que l'Etat et les élus devraient oeuvrer davantage en faveur de l'emploi.
En dépit de ce sombre tableau, Yadollah se veut optimiste: "J'ai de l'espoir et je suis certain qu'ils (les nouveaux élus) amèneront du changement".
- Question de confiance -
A quelques mètres de la boutique de Yadollah, Fatemeh Hodjati, femme au foyer de 40 ans accompagnée d'une petite fille et d'une amie, regarde, intriguée, les journalistes de l'AFP, une présence inhabituelle dans le quartier.
Mais elle répond avec gentillesse à leurs questions. Et selon elle, "maintenant que les sanctions ont été levées, ils (les politiques) vont peut-être faire plus attention aux gens qui, en retour, vont peut-être avoir plus confiance dans les élections".
Les scrutins de vendredi sont les premiers depuis la levée, mi-janvier, de la plupart des sanctions internationales contre l'Iran, consécutive à un accord avec les grandes puissances sur le programme nucléaire iranien conclu en juillet 2015.
Pour Fatemeh, cette confiance réciproque est indispensable, "car les prix ont vraiment grimpé" ainsi que le taux de chômage.
"Je demande aux députés de créer des emplois pour les jeunes chômeurs, plus nombreux qu'avant. Beaucoup de jeunes deviennent vendeurs de rue et c'est vraiment dur pour eux, c'est une honte", affirme-t-elle. Le chômage est d'environ 10% en Iran mais touche 25% des jeunes, majoritaires dans ce pays de 79 millions d'habitants.
Qassem Akbari, 29 ans, marié et père d'un bébé de quatre mois, n'ira pas voter. "Je n'ai jamais voté, car je pense que ça ne sert à rien", dit-il, installé dans une des boutiques de Molavi.
Il reconnaît pourtant qu'il y a "beaucoup de problèmes" en Iran, dont "le plus important est le chômage". Mais, affirme-t-il, "je pense que ceux qui entrent au Parlement pensent plus à eux-mêmes qu'au peuple".
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