"Il s'agit de refermer un chapitre de notre histoire", a déclaré le président américain en évoquant ce centre de détention qui incarne, à travers le monde, les excès dans la lutte anti-terroriste des Etats-Unis après les attentats du 11-Septembre 2001.
Dès sa campagne de 2008, Obama avait promis de fermer cette prison "que le monde condamne". Mais en sept années au pouvoir, il n'a pas réussi à faire bouger les lignes. "Je ne veux pas refiler le problème au prochain président", a-t-il martelé mardi.
"Depuis plusieurs années, il est devenu clair que (cette prison) ne permet de renforcer notre sécurité nationale, elle l'affaiblit", a-t-il déclaré, évoquant un outil de recrutement pour les jihadistes. "Garder ce centre ouvert est contraire à nos valeurs".
Dans ce plan qui laisse nombre de questions en suspens, l'exécutif a identifié 13 sites sur le sol américain susceptibles d'accueillir les prisonniers actuellement détenus sur l'île de Cuba. Mais il n'en communique cependant pas la liste exhaustive et n'en recommande pas un en particulier.
Le coût total de ce transfert serait significatif, se situant dans une fourchette de 290 à 475 millions de dollars.
Il reste à ce jour 91 détenus dans cette prison qui en a un temps accueilli près de 800. Trente-cinq d'entre eux pourraient être transférés dans des pays tiers dans les mois à venir, selon l'exécutif américain.
La détention sur le sol américain, plutôt qu'à Guantanamo, engendrerait des économies annuelles de l'ordre de 65 à 85 millions de dollars par an, ce qui permettrait donc d'amortir le coût transfert en "trois à cinq ans", selon l'exécutif.
"Si, en tant que pays, nous ne réglons pas ce problème aujourd'hui, quand le ferons nous ? Allons-nous laisser traîner le dossier pendant 15, 20, 30 ans ?", s'est interrogé M. Obama.
Sans surprise, le projet a immédiatement suscité de vives réactions dans le camp républicain.
- Une "tache" -
"Sa proposition manque de détails cruciaux, requis par la loi, comme le coût exact et le lieu d'un nouveau centre de détention", a critiqué Paul Ryan, président républicain de la Chambre des représentants. "Nous ne risquerons pas notre sécurité nationale pour une promesse de campagne".
Le sénateur de Floride Marco Rubio, en lice dans la primaire républicaine pour la Maison Blanche, a opté pour un ton résolument guerrier: "Lorsque je serai président, si nous capturerons des terroristes vivants, ils ne seront pas jugés à Manhattan, ils ne seront pas envoyés au Nevada. Ils iront à Guantanamo et nous découvrirons tout ce qu'ils savent".
Le sénateur républicain John McCain a lui aussi déploré un projet "vague", mais annoncé que sa commission tiendrait néanmoins des auditions pour examiner les propositions du président.
Si, comme c'est prévisible, le Congrès bloque tout mouvement, l'exécutif américain pourrait être tenté d'agir par décrets. La Maison Blanche est cependant restée jusqu'ici évasive sur ce thème. Et la marge de manoeuvre juridique du président américain est incertaine et divise les experts.
Les organisations de défense des droits de l'homme mettent en garde de longue date contre la tentation de pérenniser sur le sol américain un système de détention illimitée sans inculpation, dénonçant une solution consistant à simplement "changer le code postal de Guantanamo".
"Guantanamo doit être fermé en s'attaquant au problème de manière frontale, pas en le déplaçant ailleurs", a réagi Naureen Shah, directrice d'Amnesty International pour les Etats-Unis.
Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Zeid Ra'ad al Hussein a lui salué l'annonce de ce plan, rappelant que Guantanamo était, depuis 14 ans, "une tache" sur la réputation des Etats-Unis et avait été utilisé par de nombreux régimes répressifs pour justifier leurs comportements condamnables.
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