"Il s'agit de refermer un chapitre de notre histoire", a déclaré M. Obama depuis la Maison Blanche en évoquant ce centre de détention qui incarne, à travers le monde, les excès dans la lutte anti-terroriste des Etats-Unis après les attentats du 11-Septembre 2001.
"Depuis plusieurs années, il est devenu clair que (cette prison) ne permet de renforcer notre sécurité nationale, elle l'affaiblit", a-t-il ajouté évoquant un outil de recrutement pour les jihadistes.
L'exécutif a identifié 13 sites sur le sol américain susceptibles d'accueillir les prisonniers actuellement détenus sur l'île de Cuba mais n'en a cependant pas communiqué la liste exhaustive et n'en a pas recommandé un en particulier.
Le coût total de ce transfert serait significatif, se situant dans une fourchette de 290 à 475 millions de dollars.
Il reste à ce jour 91 détenus dans cette prison qui en a un temps accueilli près de 800. Trente-cinq d'entre eux pourraient être transférés dans des pays tiers dans les mois à venir, selon l'exécutif américain.
"Si, en tant que pays, nous ne réglons pas ce problème aujourd'hui, quand le ferons nous ? Allons-nous laisser traîner le dossier pendant 15, 20, 30 ans ?", s'est interrogé M. Obama, reconnaissant la complexité de ce dossier, promesse de campagne sur laquelle il a jusqu'ici échoué.
La détention sur le sol américain, plutôt qu'à Guantanamo, engendrerait des économies annuelles de l'ordre de 65 à 85 millions de dollars par an, ce qui permettrait donc d'amortir le coût transfert en "trois à cinq ans", selon l'exécutif.
Sans surprise, le projet a immédiatement suscité de vives réactions dans le camp républicain.
"Sa proposition manque de détails cruciaux, requis par la loi, comme le coût exact et le lieu d'un nouveau centre de détention", a critiqué Paul Ryan, président républicain de la Chambre des représentants. "Nous ne risquerons pas notre sécurité nationale pour une promesse de campagne".
- Un projet "vague" -
Le sénateur républicain John McCain a lui aussi déploré un projet "vague", mais annoncé que sa commission tiendrait néanmoins des auditions pour examiner les propositions du président.
Il a toutefois estimé que Barack Obama avait "raté sa chance de convaincre le Congrès et les Américains qu'il avait un projet responsable pour fermer la prison de Guantanamo".
Si, comme c'est prévisible, le Congrès bloque tout mouvement, l'exécutif américain pourrait être tenté d'agir par décrets. La Maison Blanche est cependant restée jusqu'ici évasive sur ce thème. Et la marge de manoeuvre juridique du président américain est incertaine et divise les experts.
Certaines organisations de défense des droits de l'homme mettent par ailleurs en garde contre la tentation de pérenniser sur le sol américain un système de détention illimitée objet de toutes les critiques.
Elle dénoncent la solution consistant à simplement "changer le code postal de Guantanamo".
Parmi les détenus de Guantanamo, seuls une dizaine ont fait l'objet de condamnations par la justice militaire ou sont en attente d'un procès. Khaled Cheikh Mohamed, soupçonné d'avoir organisé les attentats du 11 septembre 2001, est l'un d'entre eux.
Dès sa campagne de 2008, Obama avait promis de fermer ce camp de prisonniers, jugeant incohérent de "conserver une prison que le monde condamne et que les terroristes utilisent pour recruter". Mais une fois dans le Bureau ovale, il s'est enlisé dans un imbroglio juridique et politique.
"Fermer Guantanamo d'ici la fin de l'année est possible", estime le New York Times dans un éditorial, appelant les républicains à dépasser une opposition "systématique et irréfléchie". "Cela rendrait les Etats-Unis plus sûrs, contribuerait à restaurer le rang de l'Amérique comme défenseur des droits de l'homme et représenterait des millions de dollars d'économies pour le contribuable".
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