Le commissaire européen chargé de la question migratoire, Dimitris Avramopoulos, et le ministre néerlandais gérant ce dossier, Klaas Dijkhoff, dont le pays exerce la présidence tournante de l'Union européenne, se sont ainsi dit "inquiets" de cette situation dans les Balkans, craignant une possible "crise humanitaire", en particulier en Grèce, selon un communiqué commun.
Ce dernier pays, qui doit gérer dans l'urgence depuis dimanche le blocage de milliers d'exilés jusque-là autorisés à poursuivre leur périple en Europe, a pour sa part protesté tant auprès de Vienne qu'auprès de l'UE, sur l'absence de concertation européenne dans la gestion de ces flux migratoires.
Le Premier ministre grec Alexis Tsipras, qui a exprimé "son mécontentement" à son homologue néerlandais Mark Rutte, a aussi dénoncé la tenue prévue pour mercredi en Autriche d'une réunion sur la sécurité et la gestion des frontières des ministres de l'Intérieur et des Affaires étrangères d'Albanie, de Bosnie, de Bulgarie, du Kosovo, de Croatie, de Macédoine, du Monténégro, de Serbie et de Slovénie, à laquelle les Grecs n'ont pas été invités.
La Grèce a parlé à cet égard d'initiative "unilatérale et inamicale" car elle vise, en son absence, à prendre "des décisions concernant directement ses frontières".
Le gouvernement autrichien a rejeté ces critiques, soulignant qu'une telle réunion n'était pas une première.
Plus de 5.000 migrants se trouvaient bloqués mardi à la frontière gréco-macédonienne, la Macédoine, qui n'est pas membre de l'UE, ayant barré dimanche le passage aux Afghans et exigé des réfugiés autorisés à passer, les Syriens et les Irakiens, qu'ils disposent de papiers d'identité en plus du laissez-passer délivré dans les centres de tri et d'enregistrement.
- Risque de "chaos" en Europe -
Les raisons et les modalités exactes de ce durcissement, qui a déjà entraîné un effet domino, avec le renvoi en Macédoine de migrants déboutés par la Croatie, restaient confuses. Selon une source policière croate, ces derniers ne remplissaient pas "les critères requis".
Un porte-parole de la police autrichienne, à l'extrémité de la route des Balkans, a pour sa part expliqué que son pays recalait les arrivants dont les "déclarations sont contradictoires" et/ou "dont l'identité ne peut pas être établie". L'absence de papiers d'identité ou la présentation de faux papiers constitue donc un motif de rejet, a-t-il précisé.
Selon Yannis Mouzalas, ministre grec de la Politique migratoire, ce nouveau frein résulte d'une décision commune des cinq pays figurant sur cet itinéraire, prise pendant une réunion à Zagreb le 18 février.
Alors que le sommet européen la semaine dernière s'est entendu sur la nécessité d'une réponse "commune" de l'UE à la crise migratoire, "cinq directeurs de la police (...), et donc leurs Premiers ministres derrière eux, ont pris des décisions différentes", a-t-il déploré au cours d'une visite sur l'île de Lesbos avec le Haut-commissaire aux Réfugiés de l'ONU, Filippo Grandi.
Ce dernier s'est dit "très inquiet des nouvelles que nous avons sur une fermeture croissante des frontières européennes le long de la route des Balkans, car cela va créer davantage de chaos et de confusion", les flux ne tarissant pas.
Plus de 102.000 migrants et réfugiés sont arrivés depuis janvier sur les îles grecques en provenance des côtes turques, a annoncé mardi l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Quelque "2.000 personnes dont un tiers sont des Afghans" continuent d'arriver quotidiennement, a affirmé à l'AFP le responsable du HCR en Grèce, Philippe Leclerc.
Pour éviter un abcès de fixation au poste-frontière gréco-macédonien d'Idomeni, la police grecque a commencé à l'aube à évacuer les migrants bloqués, en majorité afghans, embarqués à bord d'une dizaine de cars pour retourner à Athènes. Au Pirée, où débarquent les migrants acheminés des îles, la police grecque n'autorise désormais que les Syriens et les Irakiens à prendre la route pour Idomeni.
Les arrivants bloqués doivent être répartis dans des centres d'accueil près de la capitale, mais "nous risquons d'avoir trois semaines très difficiles", faute d'un nombre de places suffisant, a averti M. Leclerc.
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