Des représentants de la CFDT, FO, Unsa, CFE-CGC, FSU, Solidaires et UNL (lycéens) ont rendez-vous à la CGT, à Montreuil, pour discuter à partir de 18H00 de la "situation sociale, économique et politique". La dernière intersyndicale réunissant les principales confédérations date de 2013, décidée alors contre le poujadisme et la montée du Front national.
Le "noeud du chantier" de la rencontre mardi va porter sur le projet de réforme du droit du travail, qui sera présenté en conseil des ministres le 9 mars, précise-t-on à la CGT, qui a lancé l'invitation.
Mais aucune décision sur la nature d'une "riposte", grève, manifestation ou initiative commune, ne devrait être prise.
Ce texte de 52 articles prévoit, entre autres, la création d'un compte personnel d'activité (CPA) et l'instauration du "droit à la déconnexion". Il ouvre aussi la voie au référendum en entreprise pour valider des accords minoritaires, précise les conditions du licenciement économique, plafonne les indemnités prud'homales et prévoit la primauté des accords d'entreprise en matière de temps de travail.
Manuel Valls a prévenu mardi qu'il irait "jusqu'au bout" de la réforme, insistant sur sa volonté de "convaincre" les Français et les parlementaires.
Pour le gouvernement, ce texte est une réponse au chômage de masse, la France comptant 3,5 millions de demandeurs d'emploi sans activité, un argument relayé par le patronat, qui salue le projet.
"Il y a de vrais freins à l'emploi et cette loi a en son sein des articles qui rassurent ceux qui demain doivent embaucher", a insisté mardi François Asselin, le président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME).
La CFTC, seule grande confédération représentative absente de l'intersyndicale, insiste sur les points positifs du texte: création du CPA, droit à la déconnexion, référendum. Auprès de l'AFP, son président Philippe Louis, salue également la réécriture de la partie temps de travail du Code du travail, désormais "plus lisible et compréhensible".
- Cette loi 'vaut une grève' -
Mais pour les autres organisations syndicales, cette réforme risque de faciliter les licenciements. Toutes, CFTC comprise, pointent deux articles: le plafonnement des dommages et intérêts prud'homaux, qui vont passer à 15 mois de salaires maximum, moitié moins qu'aujourd'hui et la clarification des licenciements économiques.
Certaines demandent de supprimer ou d'amender ces deux articles (CFDT, CFTC, CFE-CGC), quand d'autres (FO et la CGT) appellent à un retrait pur et simple du projet de loi. "C'est un texte que nous rejetons globalement", a dit Jean-Claude Mailly, numéro un de FO, pour qui cette loi "vaut une grève".
L'objectif de l'intersyndicale mardi? "Peser pour faire bouger le texte sur certains points clés: plus de sécurisation pour les salariés, plus de dialogue social, c'est-à-dire enlever du texte les trop nombreux renvois aux décisions unilatérales des employeurs", explique Véronique Descacq, numéro deux de la CFDT.
William Martinet, président du syndicat d'étudiants Unef, se rend à la rencontre avec l'idée de "réussir à trouver un socle commun pour contester la loi El Khomri et trouver une date de mobilisation unitaire".
Franck Mikula, secrétaire national de la CFE-CGC, a un but : "exercer une pression suffisamment forte pour modifier (le projet) et retirer les mesures que nous considérons comme trop antisociales".
Cette intersyndicale "ressemble un peu à l'épreuve de force qui avait marqué la fin du quinquennat de Nicolas Sarkozy avec le gouvernement qui se retrouve le dos au mur. En 2010, c'était le régime des retraites qui était menacé ; en 2016, c'est le chômage qui ne recule pas", analyse Dominique Andolfatto, professeur d'université, spécialiste des syndicats.
Mais "quelles alternatives crédibles" peuvent proposer les syndicats, qui "semblent demeurer assez isolés", interroge-t-il.
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