Si cette tendance était confirmée, il s'agirait de la première défaite politique d'Evo Morales, âgé de 56 ans et à la tête de son pays depuis 2006, qui devrait alors quitter le pouvoir début 2020, à la fin de son troisième mandat.
Selon les résultats officiels disponibles lundi soir portant sur 72,5% des suffrages, le non obtient 56,5%, le oui 43,2%.
Dès dimanche soir, la chaîne de télévision privée ATB annonçait, sur la base d'un sondage Ipsos à la sortie des bureaux de vote, que le non à la révision constitutionnelle l'avait emporté par 52,3% contre 47,7%. La chaîne Unitel, citant un sondage d'Equipos Mori, donnait elle aussi le non vainqueur, avec 51% contre 49%.
Dans ce pays où le vote est obligatoire, 6,5 millions de Boliviens, plus 300.000 à l'étranger, étaient appelés dimanche à autoriser leur président à briguer en 2020 un quatrième mandat, pour rester au pouvoir jusqu'en 2025.
"Nous allons attendre patiemment le coup de sifflet final du tribunal électoral, nous sommes optimistes", a affirmé lundi Evo Morales au cours d'une conférence de presse, promettant de "respecter les résultats, que ce soit le non ou le oui" qui l'ait emporté.
Interrogé avant le scrutin par le quotidien espagnol El Pais, ce dirigeant socialiste, ancien berger de lamas devenu le premier président amérindien de la Bolivie, s'était montré serein face à une éventuelle défaite: "Je suis prêt. Avec un tel record (à la tête de la Bolivie, ndlr), je retourne heureux et content chez moi. J'adorerais être dirigeant sportif".
Dès l'annonce des estimations des premiers sondages et des résultats partiels, le camp présidentiel n'a eu de cesse de qualifier ces chiffres de prématurés, misant notamment sur le comptage, effectué en dernier, des votes en zones rurales, les plus favorables à Evo Morales.
- Batailles internes -
Sceptique, le vice-président Alvaro Garcia, que le référendum devait autoriser lui aussi à briguer un quatrième mandat, a estimé "hautement probable que ces chiffres se modifient de manière radicale", appelant l'opposition à ne pas se réjouir trop vite face à ce qu'il qualifie de "match nul technique".
"Il vaut mieux garder son enthousiasme et attendre avec patience les résultats" définitifs du Tribunal suprême électoral (TSE), attendus dans les prochains jours, a-t-il dit.
Le TSE a indiqué qu'il pourrait donner des résultats définitifs après avoir dépouillé 90% des suffrages.
Après l'annonce de la victoire du non par les médias, les opposants au président Morales ont organisé des fêtes populaires dans plusieurs villes, notamment à Santa Cruz, dans l'est, et à Trinidad, dans le nord-est.
"La Bolivie a dit non!", a lancé un des leaders de l'opposition, Ruben Costas, gouverneur de la province de Santa Cruz.
"Il n'y a aucune base pour ne pas reconnaître la victoire du non, ils ont demandé que le peuple décide et il a décidé, respectez les résultats", a clamé lundi sur Twitter Samuel Doria Medina, ex-candidat à l'élection présidentielle, vaincu à deux reprises par M. Morales.
"Il est probable que ces résultats entraînent des batailles internes pour succéder" à Evo Morales, juge l'analyste politique Andrés Torres.
Mais "il est très difficile de trouver un successeur qui ait la même capacité de cohésion que lui parmi les organisations sociales", prévient-il.
Jusqu'à la semaine dernière, les partisans de la révision constitutionnelle étaient à égalité avec les opposants dans les intentions de vote. Mais des accusations à l'encontre de M. Morales ont commencé à modifier la donne. Dans les dernières enquêtes d'opinion avant le scrutin, les tenants du non devançaient largement ceux du oui.
M. Morales est soupçonné d'avoir usé de son influence en faveur de son ex-compagne, Gabriela Zapata (28 ans), dont l'entreprise chinoise CAMC a signé des contrats avec le gouvernement pour environ 560 millions de dollars. Plusieurs enquêtes sont en cours.
Le chef de l'Etat, champion autoproclamé du socialisme du XXIe siècle, a nié : "Quel trafic d'influence ? Tout ça est un montage de l'ambassade des Etats-Unis !", a-t-il répliqué.
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