Près de 5.000 migrants et réfugiés se trouvaient à la mi-journée au poste frontière gréco-macédonien d'Idomeni, après la décision de la Macédoine de ne plus autoriser le passage aux Afghans, pour des raisons qu'elle n'a pas précisées.
Quelque 600 Afghans étaient ainsi bloqués, tandis que le rythme des entrées encore autorisées aux Syriens et Irakiens était "fortement ralenti", a indiqué à l'AFP une source policière locale.
Sous des banderoles proclamant "Ouvrez les frontières", "Pourquoi un tel racisme?", les Afghans bloqués ont entrepris de manifester sur les voies ferrées de la frontière. Des dizaines d'enfants brandissaient des affiches demandant "Aidez nous à traverser la frontière".
"Nous traverserons, sinon nous mourrons sur place", a lancé à l'AFP Mohamed Asif, un Afghan de 20 ans.
"La gestion à la frontière va devenir impossible si d'autres migrants arrivent d'Athènes", a mis en garde Antonis Rigas, responsable de "Médecins sans frontières" à Idomeni.
Au Pirée, principal port grec près d'Athènes, l'afflux se poursuivait pourtant en provenance des îles grecques. Quelque 3.000 migrants et réfugiés y ont débarqué dans la matinée, et encore plus d'un millier y étaient attendus dans la soirée, selon le ministère de la Politique migratoire.
Parmi eux, de nombreux Afghans : selon l'Organisation internationale pour les migrations, quelque 8.500 ont déjà rallié les îles grecques en février, après 15.000 arrivées en janvier, plus d'un quart du total des entrées.
Pour éviter la création d'un abcès de fixation à Idomeni, les autorités grecques ont bloqué le trafic des cars qui emmenaient les migrants du Pirée à Idomeni, à 500 km au nord.
Les derniers arrivants devaient être répartis entre les camps d'Eleonas, près du centre d'Athènes, et de Schisto, un nouveau centre d'accueil dans la banlieue ouest de la capitale.
La Grèce a "entamé des actions diplomatiques" face à ces actions "unilatérales" de ses voisins, a indiqué le ministre Yannis Mouzalas. "Nous pensons que le problème sera résolu", a-t-il tenté de rassurer, s'exprimant sur la chaîne parlementaire.
Le tour de vis de la Macédoine contre les Afghans intervient après la décision de l'Autriche vendredi de ne plus admettre que 80 demandeurs d?asile par jour, et 3.200 migrants en transit (sans précision de nationalité).
-'Mauvais signal'-
En cette période hivernale, ce nombre de 3.200 permet sur le papier de faire face au flux.
Une source gouvernementale grecque avait cependant prédit que "si l'Autriche ferme ses frontières, il y aura un effet domino" sur la route migratoire via les pays des Balkans.
L'Allemagne a également vivement réagi à la décision autrichienne. "Dire que 3.200 peuvent continuer vers l'Allemagne, c'est un mauvais signal", a estimé le ministre de l'Intérieur Thomas de Maizière. Il a jugé "le nombre beaucoup trop élevé". "Nous ne l'acceptons pas et c'est pourquoi il faut que nous en parlions", a-t-il déclaré.
L'Autriche a de son côté rejeté lundi les critiques du commissaire européen chargé de la Migration, Dimitris Avramopoulos, qui a avait relevé dans un courrier à Vienne qu'imposer un quota de demandeurs d'asile était "clairement incompatible" avec le droit européen.
Uniquement entourée de pays membres de l'UE, l'Autriche "n'est pas le premier pays sûr où ces personnes (les migrants) posent le pied", a riposté sa ministre de l'Intérieur, Johanna Mikl-Leitner.
Vienne a également invité les ministres de l'Intérieur des pays de la route balkanique mercredi pour une réunion de coordination sur la "gestion migratoire", avant celle des ministres européens de l'Intérieur prévue jeudi.
Le Premier ministre grec Alexis Tsipras avait tenté lors du sommet européen de jeudi et vendredi de freiner toute fermeture unilatérale des frontières sur la route des Balkans au moins jusqu'au 6 mars, date d'un sommet entre la Turquie et l'UE. Mais dès samedi, il n'avait pas exclu que ces engagements soient oubliés, et que la Grèce soit confrontée au scénario d'un "contrôle renforcé des flux" par ses voisins.
Enfin, la police hongroise a enregistré une poussée du nombre d'entrées clandestines sur son territoire, malgré ses clôtures aux frontières serbe et croate : 500 personnes auraient été interpellées ce week-end contre 550 sur tout le mois de janvier. La Hongrie relève une part croissance d'originaires de pays ne permettent pas d'espérer un asile.
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