Dans cette lutte sur l'avenir du pays, David Cameron, qui s'exprimera à partir de 15H30 GMT, part affaibli par la défection du populaire maire de Londres, Boris Johnson, prétendant à sa succession, qui a rallié dimanche le camp du Brexit (British Exit) en vue du référendum organisé le 23 juin, au résultat incertain.
Dans une tribune publiée lundi dans le Daily Telegraph, Boris Johnson a justifié sa position en évoquant les risques d'"érosion de la démocratie", estimant que l'UE engendrait un désengagement des électeurs et que le Brexit était "une chance unique" d'obtenir un "véritable changement" des relations du pays avec ses voisins européens.
- Chute de la livre -
"Il n'y a qu'une seule manière d'obtenir le changement dont nous avons besoin et c'est en votant pour une sortie", a-t-il fait valoir.
Boris Johnson rejoint dans le camp des conservateurs pro-Brexit cinq ministres -dont le titulaire du portefeuille de la Justice, Michael Gove, ami personnel de Cameron-, la secrétaire d'Etat à l'emploi Priti Patel, le candidat à sa succession à la mairie de Londres, Zac Goldsmith, et un nombre encore indéterminé de députés.
Un ralliement qui a fait chuter lundi la livre sterling face à l'euro et au dollar, les marchés se montrant inquiets des quatre mois d'incertitude qui vont précéder le référendum.
"Boris veut donner le coup de grâce", écrivait le Daily Mail sur une pleine page lundi, en évoquant "une guerre peu civique" au sein du parti au pouvoir, qui a une longue histoire en la matière, ayant toujours été traversé par un fort courant eurosceptique.
Pour The Independent, le maire de Londres s'est avant tout positionné pour succéder à David Cameron à la tête du parti conservateur où 150 députés sur 330, selon le quotidien, pourraient défier le Premier ministre en soutenant une sortie du pays de l'UE.
L'ensemble de la presse britannique estime à près d'un tiers le nombre de députés conservateurs pouvant se positionner en faveur du Brexit.
- 30% de chances de voir un Brexit -
Les analyses tempéraient toutefois l'impact de la défection du maire de Londres.
Des économistes de la banque américaine Citi évaluaient ainsi lundi les chances que le Brexit l'emporte à 20-30%, estimant qu'elles pourraient, au mieux, monter à 30-40% en fonction de la popularité des partisans du Brexit.
Une note d'analystes du groupe Eurasia les évaluait également à 30%, malgré le "week-end calamiteux" de David Cameron. "Nous pensons que Downing Street sera capable de reprendre le contrôle des débats dans les semaines à venir", ont-ils fait valoir, estimant qu'il ne sera pas aisé pour le camp europhobe de décrire clairement ce que serait "un Royaume-Uni post-Brexit".
L'agence de notation Moody's jugeait en outre que le coût du Brexit "dépasserait les gains", pointant notamment qu'une sortie de l'UE aurait "un effet négatif sur les taux de crédit du Royaume-Uni".
Pour Matthew Goodwin de l'université du Kent, "l'impact de Boris Johnson a été exagéré". "C'est un responsable politique influent mais il y a peu de chance qu'il puisse changer le résultat du vote", a-t-il dit à l'AFP.
D'autant qu'il aura en face de lui un David Cameron fort du soutien de sa ministre de l'Intérieur, Theresa May, eurosceptique affichée, du ministre des Finances George Osborne, allié fidèle, et d'une grande majorité de son cabinet. Sans compter les milieux d'affaires, l'opposition travailliste et le parti indépendantiste écossais SNP.
M. Cameron a maintenant quatre mois pour convaincre ses compatriotes du bien-fondé du maintien dans l'UE du Royaume-Uni renforcé par le "statut spécial" qu'il a arraché à Bruxelles.
Selon le premier sondage réalisé depuis l'accord pour le Mail on Sunday, 48% des Britanniques interrogés veulent rester dans l'UE, 33% sont pro-Brexit et 19% sont encore indécis. Des résultats bien meilleurs pour le camp pro-UE que les précédents sondages qui avaient même vu les partisans du Brexit en tête.
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