"On s'est rendu compte qu'il y avait plein d'innovations un peu partout dans le monde qui permettent de répondre à des besoins de base et qu'on appelle les low tech", en opposition aux high tech très énergivores, explique à l'AFP Corentin de Chatelperron, jeune ingénieur breton à la tête du projet, tout en s'affairant aux derniers préparatifs à bord du voilier.
"En revanche, il n'existe pas de vecteur de diffusion de ces savoir-faire techniques, ce qui veut dire que quand quelqu'un invente quelque part dans le monde un système comme ça, il y aura peut-être des millions de personnes qui en auront besoin mais qui n'en entendront jamais parler", poursuit l'aventurier, à l'origine de la construction en 2013 au Bangladesh de Gold of Bengal, premier bateau au monde 100% en composite de fibre naturelle (alliage de fibre de jute et résine).
"Il y a une vraie révolution à faire rien qu'en diffusant ces savoir-faire", assure Corentin de Chatelperron, qui dit compter sur internet pour propager ces connaissances "au potentiel énorme". L'ingénieur est aussi à l'origine de la plateforme de recherche collaborative Low-tech Lab (lowtechlab.org) qui propose 50 défis d'autonomie à résoudre. Une fois réalisés et testés les objets issus de ces défis sont partagés via des tutoriels vidéos en libre accès.
Olivier Guy, professeur de technologie au collège Jean Gremillon de Saint-Clair-sur-Elle (Manche), a relevé l'un de ces défis avec ses élèves: animer via un pédalier différents outils fonctionnant à l'origine avec de l'électricité. Entièrement construit à partir d'objets de récupération, le système, embarqué à bord du catamaran, permet de faire fonctionner une perceuse, une meule, un générateur de courant - fabriqué à partir d'un moteur de lève-vitre de voiture - et même une machine à coudre.
- Première escale au Maroc -
"Pour les élèves c'est une façon de développer ce sens pratique qui leur manque tant", explique Olivier Guy, qui aime aussi l'idée de "mettre à disposition de tous ce que chacun de nous sait faire sans aucune arrière-pensée mercantile".
Outre ce pédalier, le courant à bord du Nomade des Mers sera obtenu via deux éoliennes, une hydrolienne et des panneaux solaires. Quatre poules, des plantes cultivées en hydroponie -dans une solution d?eau et de nutriments -, des cultures de spiruline, une algue riche en protéine et vitamines, des bottes de foin pour décomposer le papier via des champignons comestible ou des vers de farine, pour leurs larves riches en protéines également, devraient permettre à l'équipage de se nourrir de manière aussi autonome que possible.
Prévue pour durer trois ans, l'expédition débutera par une escale au Maroc pour y découvrir un système de dessalinisateur solaire, puis se poursuivra au Sénégal pour y apprendre à construire une éolienne, génératrice comprise, en matériaux recyclés, mais également à fabriquer du charbon vert. Direction ensuite le Cap Vert, le Brésil, l'Afrique du Sud, le Mozambique, Madagascar, l'Inde, le Sri Lanka et la Malaisie, pour autant d'inventions ingénieuses.
Chaque nouveau système découvert sera testé puis éventuellement installé à bord du catamaran, avant de faire l'objet d'une vidéo postée sur le site du Low-tech Lab.
"Il s'agit dans un premier temps de voir jusqu'à quel point on peut-être autonome, de manière réaliste et accessible, à trois dans un espace où les ressources sont très limitées", explique à l'AFP Elaine le Floch, chargée de l'organisation de l'expédition, qui fera l'objet d'une série documentaire sur Arte.
Le Nomade des Mers lèvera l'encre mercredi, si la météo le permet, avec à sa barre, et jusqu'au Maroc, le navigateur Roland Jourdain, dont le fonds de dotation Explore soutient le projet.
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