"Il n'y aura qu'un seul vainqueur, ce sera le Niger", a déclaré M. Issoufou après avoir voté à l'Hôtel de ville de Niamey, le pouce gauche taché d'encre indélébile.
Quelque 7,5 millions de Nigériens sont appelés à choisir entre quinze candidats pour présider le pays de 18 millions d'habitants parmi les plus pauvres de la planète et vivant sous la menace des groupes jihadistes sahéliens et des islamistes nigérians de Boko Haram. Le scrutin est couplé à des législatives.
Les résultats doivent être annoncés dans les cinq jours suivant le scrutin, mais pourraient être proclamés "mardi ou mercredi", selon une source au ministère de l'Intérieur.
De nombreux bureaux de vote ont ouvert avec retard dans le pays où de longues files d'attente d'électeurs étaient visibles, ont constaté l'AFP à Niamey et des témoins en province.
"Nous avons beaucoup d'inquiétudes pour le vote à Niamey et dans beaucoup de localités", a commenté Seïni Oumarou, un des candidats favoris, à la radio Tenéré.
Interrogé par l'AFP, le président de la commission électorale Ibrahim Boubé a reconnu des "retards" tout en assurant que "tous les électeurs" allaient pouvoir voter.
"Je vais voter dans trois ou quatre heures. C'est un devoir", affirme Ousseini Dramane, électricien, patientant devant un collège de Dar Es Salam, quartier pauvre du nord de Niamey.
"Il y a longtemps qu'on n'a pas vu un engouement comme ca. Ca nous rappelle les premiers moments de la démocratie", commente un électeur.
A l'intérieur, les assesseurs ont parfois posé des cailloux sur les bulletins pour éviter qu'ils ne s'envolent avec le vent qui traverse les parois de fibre végétale, le "seko".
Certains bureaux ont ouvert avec plus de trois heures de retard. Il manquait des bulletins, de l'encre ou des présidents et assesseurs. Un bureau ne disposait pas de sa liste et faisait voter en notant les noms sur la base des cartes d'électeur.
Des forces de sécurité étaient présentes dans chaque bureau de Niamey pour parer à toute attaque jihadiste.
-"Tenir le pari de la sécurité"-
"Il n'y a pas de risque zéro mais nous nous organisons pour tenir le pari de la sécurité", a déclaré le ministre de l'Intérieur Hassoumi Massaoudou, soulignant qu'à 17H00 locale (16H00 GMT) "ancun incident" n'avait été signalé.
"Tout se passe bien y compris, et je dirais même, surtout à Diffa (sud-est), où le matériel a été acheminé à l'heure", a précisé le ministre à propos de la zone où sévit Boko Haram et où 200.000 personnes votent dans la ville et dans les immenses camps de déplacés internes.
Surnommé le "lion", le président Issoufou a prédit une victoire par "un coup KO" dès le premier tour face à une opposition divisée mais qui a promis de s'unir au second tour.
Elle accuse le président de préparer un "hold-up" et la crainte de troubles post-électoraux a commencé à gagner les esprits.
Elu en 2011, M. Issoufou, 63 ans, affronte trois adversaires principaux: deux anciens Premiers ministres, Seïni Oumarou et Hama Amadou, ainsi que Mahamane Ousmane, premier président démocratiquement élu (1993-1996), qui a voté à Zinder, deuxième ville du pays où la situation était similaire à Niamey, selon des témoins.
M. Amadou est incarcéré depuis novembre, accusé de trafic d'enfants dans un dossier de "droit commun" selon le pouvoir mais "politique" selon le candidat qui espère aller "de la prison à la présidence".
"Si Issoufou gagne au premier tour, c'est qu'il a triché. Dans ce cas, on va grèver (faire la grève) et il y aura bagarre", proclame sous couvert de l'anonymat un de ses militants.
La campagne a été marquée par des échauffourées entre partisans du président et opposants. Elle a été précédée de l'arrestation de personnalités et de l'annonce d'un putsch raté par le pouvoir. Le fichier électoral est contesté.
La lutte contre la misère, principal sujet de la campagne, est compliquée par les effets du réchauffement climatique et une démographie galopante due au plus fort taux de fécondité de la planète. En 2016, deux millions de personnes auront besoin d?une assistance alimentaire, selon l'ONU.
Le pays est aussi gangréné par la corruption. "On nie, on gère (magouille), c'est le Niger", résume un étudiant.
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