Jusqu'à la semaine dernière, les partisans de la réforme de la Constitution pour permettre au plus ancien président en exercice d'Amérique latine de briguer un nouveau mandat en 2019 --pour la période 2020-2025-- étaient à égalité avec les opposants.
Mais les accusations de trafic d'influence qui le visent commencent à changer la donne. Dans les derniers sondages, les tenants du non (47%) devançaient largement ceux du oui (27%).
Si ce scénario devait se confirmer, il s'agirait de sa première défaite depuis son arrivée au pouvoir il y a dix ans, même si son parti, le Mouvement vers le socialisme (MAS), a déjà subi quelques revers lors des élections municipales de 2015.
M. Morales, 56 ans et premier président amérindien de Bolivie, est soupçonné d'avoir usé de son influence en faveur de son ex-compagne, Gabriela Zapata. A 28 ans, cette dirigeante de l'entreprise chinoise CAMC a signé des contrats avec le gouvernement pour 576 millions de dollars (516 millions d'euros). Plusieurs enquêtes sont en cours.
Près de deux semaines après le début de l'affaire, le président avait nié: "Quel trafic d'influence, tout est un montage de l'ambassade des Etats-Unis!", avait-il accusé. Pour lui nuire lors du référendum, avait-il insisté.
L'un de ses ministres avait aussi accusé le journaliste ayant dénoncé l'affaire, Carlos Valverde, ancien responsable des services secrets dans les années 1990, d'être "un agent de l'ambassade des Etats-Unis".
Le chef de l'Etat pourrait également être affecté par les conséquences du saccage et de l'incendie de la mairie del Alto, contrôlée par l'opposition, où six personnes ont péri mercredi.
Selon la maire Soledad Chapeton, membre du parti d'opposition Unité Nationale (UN), ce coup de force a été dirigé par des anciens fonctionnaires proches du MAS, sous le coup d'une enquête pour des faits de corruption présumée.
- "Si le peuple m'aime ou pas" -
Tandis que l'opposition concentre ses attaques sur les affaires de corruption, M. Morales et son vice-président Alvaro Garcia Linera ont mis l'accent sur le développement économique du pays.
Cet ancien berger de lamas, forgé dans le syndicalisme, a su amener la Bolivie à une stabilité politique sans précédent et une croissance économique soutenue, notamment en nationalisant les ressources naturelles.
Malgré l'effondrement des cours des matières premières, la Bolivie - qui fournit du gaz naturel au Brésil et à l'Argentine - prévoit une croissance moyenne de 5% sur la période 2016-2020.
Sans compter qu'Evo Morales bénéficie toujours d'un grand soutien populaire, fruit de ses succès en matière de lutte contre la pauvreté, dans le pays le plus démuni d'Amérique latine.
"Moi aussi je veux savoir si le peuple m'aime ou pas, c'est ce qu'il y a de plus démocratique", répète dernièrement le président, né dans la misère de l'Altiplano, pour expliquer la révision de la Constitution.
Ce sont les indécis qui pourraient faire pencher la balance en faveur de M. Morales, estime le politologue Marcelo Varnoux. "A moins d'un changement radical, ils devraient être fidèles à leur vote historique. Avec ça et le vote à l'étranger, la messe pourrait être dite".
Plus de six millions de Boliviens sont inscrits sur les listes électorales.
En revanche, l'analyste Carlos Cordero croit savoir que "le non l'emportera avec dix points d'avance". Selon cet adversaire de Morales, "quand elles dépassent les deux mandats, les gestions deviennent opaques, c'est-à-dire qu'elle empêchent un contrôle social et c'est la porte ouverte à la corruption".
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