Le jeune homme grièvement blessé à Reims, Maxime Beux, 22 ans, est quant à lui rentré en Corse samedi matin, et a immédiatement appelé "à la sérénité, à la dignité et au calme" par la voix de son avocate Cynthia Costa-Sigrist.
Après une semaine marquée par des heurts violents qui ont opposé à plusieurs reprises manifestants et forces de l'ordre à Bastia et Corte, les craintes d'affrontements lors de la manifestation de samedi étaient vives à Bastia, où un important dispositif policier, renforcé notamment par des effectifs venus de Nice et de Marseille, devait être déployé.
En milieu de journée, ce dispositif restait toutefois encore discret, a constaté un journaliste de l'AFP, même si des fourgons de CRS étaient stationnés derrière le Palais de justice de la Bastia, d'où doit démarrer la manifestation à 14H30.
Les rues de Bastia paraissaient très calme: sur le boulevard Paoli, la principale artère de la ville par laquelle la manifestation devrait passer, la plupart des magasins étaient fermés, le rideau de fer baissé. Place Saint-Nicolas, dans le centre-ville, quelques groupes de jeunes attablés à des terrasses de café confient espérer que tout se passe dans "le calme".
-Crispations-
Depuis quelques jours, les appels à l'apaisement se sont multipliés avant la manifestation, organisée notamment à l'appel de Bastia 1905, la principale association de supporters du Sporting Club de Bastia.
Vendredi soir, le président nationaliste de l'exécutif de la Collectivité territoriale de Corse, Gilles Simeoni, a appelé à "désamorcer cette logique de confrontation", tout en mettant en garde contre "des risques avérés de dérapages et d'affrontements". Le président nationaliste de l'Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni a lui aussi appelé au "calme, à la dignité et à la sérénité".
"Nous insistons encore une fois sur notre volonté d'apaisement (...). Ne laissons pas à nos ennemis la moindre opportunité de nous salir", ont aussi déclaré sur Facebook les membres de Bastia 1905, qui réclament une enquête "totalement impartiale" sur "l'agression" de Maxime Beux.
Maxime Beux assure avoir été blessé par un tir de flash-ball des forces de l'ordre dans les incidents qui ont opposé des supporters bastiais et des policiers à Reims le 13 février après le match Reims-Bastia. Il évoqué même, selon son avocate, "un guet-apens tendu par les policiers". Le parquet de Reims assure de son côté qu'il se serait blessé en tombant sur un poteau alors qu'il était poursuivi par des policiers.
Une information judiciaire pour "violences volontaires" a été ouverte à Reims pour clarifier les circonstances des incidents, et l'Inspection générale de la police nationale a été saisie. Les sept supporters du club impliqués dans les événements rémois --mais pas de Maxime Beux-- ont également porté plainte pour "violences aggravées". Tous sont également poursuivis et doivent comparaître le 22 mars à Reims.
Après les événements de Reims, survenus dans un contexte marqué en outre par les crispations entre Paris et les dirigeants nationalistes corses parvenus au pouvoir à la faveur d'une victoire historique lors des élections territoriales de décembre, des incidents violents avaient éclaté dès dimanche soir à Bastia, puis lundi et mardi à Corte.
L'université de Corte a été bloquée par les syndicats étudiants nationalistes pendant trois jours. Les cours avaient repris jeudi, mais le blocage a repris dès vendredi, pour protester contre la condamnation à 10 mois de prison, dont 5 ferme, prononcée à l'encontre d'un étudiant interpellé lors des incidents de mardi soir à Corte.
A la différence des grandes manifestations nationalistes des années 1980-90, strictement encadrées par des organisations politico-militaires, des groupes de jeunes gens très mobiles et déterminés affrontent désormais les forces de l'ordre dans de véritables scènes de guérilla urbaine en fin de défilé.
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