Le recours vise à obtenir un ordre judiciaire forçant Apple à aider le FBI, toujours incapable d'accéder au contenu du téléphone de Sayed Farook deux mois après cette fusillade qui avait fait 14 morts en Californie, et s'efforce de démonter les risques en terme de sécurité invoqués par le groupe informatique pour s'y opposer.
"La décision ne requiert pas, contrairement à ce qu'affirme la déclaration publique d'Apple, qu'Apple crée ou fournisse une porte dérobée sur tous les iPhone", indique le recours, déposé auprès d'une cour fédérale en Californie.
Cela "ne fournit pas à des +pirates et criminels+ un accès aux iPhone; cela ne requiert pas qu'Apple +pirate (ses) propres utilisateurs+ ou +décrypte+ ses propres téléphones", poursuit le texte.
Cette initiative vise à accélérer les efforts pour forcer Apple à collaborer. La juge californienne Sheri Pym a déjà décidé plus tôt cette semaine que le groupe devait fournir "une assistance technique raisonnable".
Apple a plusieurs jours pour transmettre officiellement ses arguments à la justice, mais il a déjà dénoncé publiquement une requête "sans précédent", aux "implications bien au-delà de l'affaire judiciaire concernée", et s'est plaint que cela reviendrait à créer une porte dérobée qui pourrait affaiblir la sécurité de l'appareil et de ses clients.
- "Inquiétudes marketing" -
Le nouveau recours du DoJ indique que sur la base de ses déclarations publiques, Apple semble fonder sa défense sur "des inquiétudes marketing" et que personne n'a demandé à l'entreprise de fournir un logiciel qui pourrait être utilisé par des pirates informatiques.
Une audience sur la question est prévue le 22 mars, selon le recours.
"L'urgence de cette enquête requiert ce recours maintenant qu'Apple a montré clairement son intention de ne pas se conformer" à la première décision judiciaire, fait valoir le DoJ. "Il pourrait y avoir des communications et des données essentielles (...) auxquelles on n'a pas eu accès jusqu'ici."
Le recours de vendredi affirme qu'Apple a les capacités techniques d'aider le FBI. Ce dernier réclame la désactivation d'une fonctionnalité qui efface les données contenues sur l'iPhone après un trop grand nombre de tentatives infructueuses pour casser le mot de passe.
Apple n'a pas réagi dans l'immédiat vendredi, mais son patron Tim Cook avait estimé plus tôt cette semaine qu'il était trop risqué de fournir un logiciel permettant de le faire, car cela pourrait permettre à des personnes mal intentionnées de débloquer n'importe quel iPhone et créerait d'importantes inquiétudes en matière de protection de la vie privée.
"Le gouvernement nous réclame quelque chose que nous n'avons simplement pas, et quelque chose que nous considérons trop dangereux à créer. Ils nous ont demandé de construire une porte dérobée sur l'iPhone", a indiqué le directeur général dans une lettre ouverte aux clients d'Apple cette semaine. "Dans les mauvaises mains, ce logiciel --qui n'existe pas aujourd'hui-- aurait le potentiel de débloquer n'importe quel iPhone que quelqu'un aurait physiquement en sa possession."
L'affaire suscite la colère des avocats des libertés civiles, qui y voient le risque de déclencher une surveillance débridée aux Etats-Unis ou ailleurs. Mais d'autres accusent à l'inverse Apple d'entraver une enquête vitale en termes de sécurité.
Des hauts responsables américains ont refusé de spéculer sur la manière dont la décision rendue cette semaine par la juge Sheri Pym pourrait être mise en oeuvre. En théorie, Apple pourrait être convaincu d'outrage à magistrat s'il refuse d'appliquer le jugement, et encourrait ainsi diverses pénalités.
La procédure judiciaire a de fortes chances de se prolonger et de réclamer l'examen d'une série de questions tant techniques que légales. Les deux parties vont probablement déclencher des procédures d'appel, et l'affaire pourrait même remonter jusqu'à la Cour suprême.
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