Parallèlement, des responsables russes et américains étaient réunis à Genève pour discuter d'un improbable cessez-le-feu en Syrie, qui aurait dû intervenir cette semaine mais que les belligérants ont ignoré.
Le secrétaire d'État américain John Kerry a admis qu'il restait "encore beaucoup de travail" avant de parvenir à une telle trêve.
Alors que le conflit va entrer dans sa sixième année, les espoirs de paix apparaissent plus minces que jamais, comme l'a reconnu l'émissaire de l'ONU, Staffan de Mistura.
La Russie, alliée du régime syrien, avait convoqué des consultations d'urgence au Conseil pour soumettre un texte demandant à Ankara de cesser ses tirs sur les milices kurdes dans le nord de la Turquie et d'abandonner ses projets d'offensive terrestre en Syrie.
Selon des diplomates, la France et quatre autres pays au moins (Etats-Unis, Royaume-Uni, Nouvelle-Zélande, Espagne) parmi les 15 membres du Conseil ont rejeté d'emblée ce texte.
Trois de ces pays ayant droit de veto, le texte russe n'a quasiment aucune chance d'être adopté, selon des diplomates.
L'ambassadeur français François Delattre a accusé Moscou de provoquer une "dangereuse escalade" en soutenant le régime syrien dans son offensive sur Alep (nord).
Le président français François Hollande a lui estimé à ce sujet qu'il existait un "risque de guerre" entre la Turquie et la Russie du fait de l'implication turque en Syrie.
Dans le même temps, la Turquie a étendu ses bombardements à plusieurs secteurs de la province d'Alep contrôlés par les forces kurdes syriennes, qu'elle accuse d'être derrière un attentat meurtrier à Ankara mercredi.
"Il s'agit des plus violents bombardements" depuis le début le 13 février des frappes turques contre les Kurdes dans cette région, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé, en parlant de l'attentat, n'avoir "aucun doute" sur la responsabilité du Parti de l'union démocratique (PYD), la principale formation kurde syrienne, et ses milices, les Unités de protection du peuple (YPG), deux groupes qualifiés de "terroristes" par Ankara.
Les YPG et le PYD, qui contrôlent les trois quarts de la frontière syro-turque, sont honnies par Ankara mais ont l'appui de Washington car elles sont à la pointe du combat contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) qui contrôle de vastes territoires en Syrie.
- Irréaliste -
Les Forces démocratiques syriennes (FDS), alliance dominée par les YPG, se sont d'ailleurs emparées vendredi de Chaddadé, un bastion de l'EI dans la province de Hassaké (nord-est), selon l'OSDH.
Elles ont aussi mis la main sur le champ pétrolier de Kbibé au nord-est de Chaddadé, grâce aux frappes de l'aviation de la coalition, a ajouté l'ONG.
Pour tenter de faire taire les armes conformément à l'appel lancé le 12 février par le Groupe international de soutien à la Syrie (ISSG), des diplomates et responsables militaires russes et américains étaient réunis vendredi à Genève.
Les "consultations intenses" visent à aboutir à un "cessez-le-feu" et à "lutter contre notre ennemi commun, les terroristes du Front Al-Nosra (branche syrienne d'Al-Qaïda) et de l'Etat islamique", a déclaré pour sa part le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov.
Quant aux négociations entre le régime et l'opposition sous l'égide de l'ONU, suspendue le 3 février, elles sont au point mort.
"Je ne peux pas de façon réaliste convoquer de nouvelles discussions à Genève le 25 février, mais nous avons l'intention de le faire bientôt", a déclaré Staffan de Mistura au quotidien suédois Svenska Dagbladet.
"Nous avons besoin de 10 jours pour nous préparer et envoyer les invitations. Les discussions (...) peuvent être couronnées de succès si l'aide humanitaire se poursuit et si nous obtenons un cessez-le-feu".
Alors que la situation humanitaire empire de jour en jour, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s'est dit "profondément alarmé" par la situation dans la province d'Alep "où les combats s'intensifient, où les hôpitaux et le personnel de santé sont visés, où les habitants n'ont ni eau, ni électricité et où plus de 70.000 personnes ont fui leur maison".
Les forces gouvernementales, appuyées par l'aviation russe, ont lancé début février une offensive d'envergure qui leur a permis de reprendre des territoires au nord de la ville d'Alep, mais a provoqué un exode massif.
L'Arabie saoudite a prôné elle la fourniture de missiles sol-air aux rebelles syriens, tout en précisant qu'une telle décision appartient "à la coalition internationale", dans un entretien au Spiegel à paraître samedi.
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