"Je fais ce qu'il faut pour que nous puissions garder le Royaume-Uni dans l'Europe, mais à condition que l'Europe puisse avancer", a déclaré d'emblée le chef de l'Etat, en direct de Bruxelles à la faveur d'une interruption des travaux d'un sommet européen, taillée sur mesure pour lui permettre de répondre à l'invitation de la radio.
Les négociations entre les Vingt-Huit devaient reprendre dans la foulée, vers 20H00, au cours d'un dîner, après 24 heures d'intenses tractations sans avancée significative.
Le Premier ministre britannique David Cameron bataille à Bruxelles pour tenter d'arracher un accord qui lui permettrait d'organiser dès juin un référendum à haut risque sur l'appartenance de son pays à l'Union européenne.
Même si les électeurs britanniques restent partagés, la perspective d'un "Brexit" - une sortie du Royaume-Uni de l'UE - fait trembler l'Union, déjà ébranlée par une crise migratoire sans précédent depuis 1945.
Prudent, le chef de l'Etat français a d'abord assuré qu'"un compromis sera trouvé" avant d'ajouter "je l'espère".
Pour autant, a-t-il souligné, "je ne vais pas laisser un pays ami, la Grande-Bretagne, (...) satisfaire son opinion publique (...) au risque de ne pas faire avancer l'Europe justement pour régler les problèmes qui sont les nôtres: la croissance, l'emploi, l'agriculture, les réfugiés, la cohésion, la politique extérieure...".
Il ne serait pas acceptable, a-t-il ajouté, que la City, la place financière de Londres bénéficie de "règles particulières", comme le réclame le Premier ministre britannique David Cameron.
Pour le reste, le président français a tracé un tableau plutôt sombre d'une Europe qui "ne va pas bien", qui "doute d'elle même" et sans "projet" pour en arriver à cette conclusion: "le risque d'une dislocation molle de l'Europe existe".
-"La fin de l'Europe"-
La fin de Schengen marquerait, a-t-il encore averti, "la fin de l'Europe au sens de la libre-circulation entre Européens".
François Hollande a volé aussi au secours d'Athènes qui ploie sous la pression migratoire, appelant à "raisonner en Européens" et "à ne pas renvoyer sur un pays, la Grèce, la responsabilité qui est la nôtre".
"C'est le sujet majeur de ce (vendredi) soir (...). Si les frontières intérieures ferment, si Schengen n'est plus appliqué, ces réfugiés vont rester en Grèce, un pays qui a déjà des difficultés économiques considérables, qui va en faire quoi?", a relevé M. Hollande.
Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a menacé vendredi de ne pas signer d'accord sur le "Brexit" si ses partenaires européens par les territoires desquels transitent les migrants fermaient leurs frontières.
François Hollande a par ailleurs appelé à une "désescalade" entre la Russie et la Turquie, pour écarter un "risque de guerre" entre les deux pays, tous deux fortement impliqués dans les crises syrienne et irakienne. Il a aussi de nouveau déploré la frilosité américaine dans ce dossier. "Je préfèrerais que les Etats-Unis soient encore davantage actifs", a glissé le président.
Puis, interrogé sur les critiques du Premier ministre Manuel Valls à l'égard de la politique d'accueil des migrants de la chancelière allemande Angela Merkel, il a assuré que la France allait "continuer à travailler de manière très étroite avec l'Allemagne" mais "avec une exigence de réalisme et de vérité".
Il n'est "pas souhaitable" qu'autant de réfugiés viennent en Allemagne et que le pays ne "pourra(it) pas en accueillir encore des dizaines de milliers", a-t-il insisté.
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