La magistrate a décidé de lever partiellement le contrôle judiciaire imposé début novembre à la star du Real Madrid, "en supprimant l'interdiction d'entrer en contact avec Mathieu Valbuena", a annoncé jeudi le procureur de Versailles. "L'interdiction d'entrer en contact avec les autres mis en examen" est en revanche "maintenue".
Dans un premier communiqué, le parquet avait d'abord affirmé que son appel était suspensif, et que donc les deux joueurs ne pouvaient pas encore se rencontrer, ce qui était contesté par l'un des avocats de Benzema, Alain Jakubowicz.
Le procureur de Versailles a ensuite publié un rectificatif, expliquant finalement que l'ordonnance rendue mercredi par la juge "est immédiatement exécutoire". L'appel sera examiné par la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Versailles le 4 mars. D'ici là, aucun match de l'équipe de France de football n'est prévu.
La décision de la juge d'instruction apparaît comme une première victoire pour Benzema, depuis sa mise en examen le 5 novembre pour "complicité de tentative de chantage" et "participation à une association de malfaiteurs", infractions passibles de cinq ans d'emprisonnement.
Au c?ur de l'affaire, une vidéo intime de Valbuena récupérée par trois hommes, plus ou moins familiers des footballeurs, et qu'ils sont soupçonnés d'avoir utilisée pour tenter d'extorquer de l'argent au joueur de l'Olympique lyonnais. Benzema avait été approché par un ami d'enfance, Karim Zenatti, autre membre présumé de l'entreprise de chantage, qui lui avait demandé de convaincre Valbuena de payer.
L'attaquant madrilène, originaire de la région lyonnaise, avait parlé de l'enregistrement à Valbuena le 6 octobre au centre d'entraînement des Bleus à Clairefontaine (Yvelines), selon lui de manière amicale, de manière pressante et menaçante selon l'accusation.
- A nouveau sélectionnable en Bleu? -
Par interviews et procès-verbaux interposés, Benzema a évoqué "un gros malentendu", alors que Valbuena a assuré que le Madrilène lui avait "fait peur" et "menti", notamment en affirmant avoir vu la fameuse vidéo.
Jusqu'ici, la juge d'instruction Nathalie Boutard n'avait fait droit à aucune demande de Benzema, qui souhaitait notamment une confrontation avec son coéquipier.
Les intentions de la magistrate avaient toutefois évolué début février: elle avait d'abord à nouveau convoqué l'attaquant madrilène dans son bureau, puis avait interrogé le parquet quant à une éventuelle levée de son contrôle judiciaire, laissant ainsi entendre qu'elle y était favorable.
Sous réserve de confirmation en appel, cette autorisation de côtoyer à nouveau Valbuena ouvre de sérieux espoirs pour Benzema de jouer l'Euro-2016, qui doit se dérouler en France du 10 juin au 10 juillet.
La décision est particulièrement attendue par la Fédération française de football (FFF), qui avait déclaré Benzema non-sélectionnable en Bleu tant que sa situation judiciaire n'évoluerait pas, alors que les deux joueurs sont considérés comme des piliers de l'équipe de France.
Or, la tenue d'un éventuel procès avant le championnat d'Europe des nations est illusoire, en raison de délais de procédure incompressibles.
Dans l'immédiat, la levée du contrôle judiciaire n'aura pas de conséquences sportives directes: aucun match n'est prévu avant l'examen de l'appel par la chambre de l'instruction, la prochaine rencontre des Bleus étant prévue les 25 mars à Amsterdam contre les Pays-Bas.
Le feuilleton avait déjà connu un rebondissement la semaine dernière, avec la remise en liberté de trois maîtres chanteurs présumés: Axel Angot, Younès Haas et Mustapha Zouaoui, alias "Sata", présenté comme le cerveau présumé de la tentative de chantage. Zenatti, l'ami d'enfance de Benzema, demeure pour sa part en détention provisoire.
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