Le chef de l'exécutif européen, Jean-Claude Juncker, s'est dit "assez confiant" et convaincu que la Grande-Bretagne sera "un membre constructif et actif de l'UE", avant ce sommet qui s'ouvrira à 16H00 GMT.
Le président du Conseil européen, Donald Tusk, qui préside la réunion, a toutefois averti qu'il restait "des divergences sur certains points politiques, qu'il sera difficile de les surmonter", dans sa lettre d'invitation aux 28 chefs d'Etat et de gouvernement.
De l'immigration de travail à la zone euro, les dirigeants européens ont encore plusieurs contentieux à trancher afin de répondre aux demandes de réformes du Premier ministre britannique David Cameron. Ce dernier a promis d'organiser un référendum sur le maintien ou la sortie (un "Brexit") de son pays de l'Union européenne, sans doute dès juin s'il obtient un accord.
Le texte de 18 pages qui sert de base de négociation, selon une copie circulant jeudi matin, contenait encore plusieurs passages entre parenthèses, c'est-à-dire non agréés, illustrant les divergences qui persistent.
Le "Brexit" n'est pas la seule pomme de discorde au menu. Les 28 aborderont la question des réfugiés au dîner, conscients qu'ils ont tardé à appliquer les décisions prises à l'automne pour endiguer les flux.
S'ils sont disposés à reconnaître la "spécificité britannique", les Européens veulent éviter toute "contagion" à d'autres Etats membres des concessions accordées à M. Cameron, comme la possibilité de restreindre les prestations sociales aux ressortissants européens travaillant en Grande-Bretagne.
-'Sur mesure'-
Cette mesure controversée, jugée "discriminatoire" au regard du principe "fondateur" de l'UE de libre circulation, inquiète les pays d'Europe centrale et de l'est dont elle vise les travailleurs.
M. Tusk a donc proposé un "mécanisme de sauvegarde" --en clair un "frein d'urgence"-- autorisant Londres à limiter temporairement les allocations sociales aux migrants européens. "Un costume taillé sur mesure pour le Royaume-Uni", selon un diplomate européen.
Mais le diable est dans les détails, en ce qui concerne notamment la durée des coupes sociales. "La question reste grande ouverte, ça sera aux dirigeants de décider", a confirmé mercredi un diplomate d'Europe centrale.
Le dirigeant conservateur britannique a reçu mercredi le soutien de la chancelière Angela Merkel, selon laquelle plusieurs revendications de Londres sont "justifiées".
Même sur le thème de la gouvernance économique et du renforcement de la zone euro, cher à Paris, Mme Merkel a dit "partager" avec M. Cameron le point de vue que "les Etats membres qui n'ont pas l'euro comme monnaie ne doivent pas être ignorés sur les questions importantes pour eux".
Pour la France, cependant, pas question "d'ouvrir la possibilité d'un veto" de Londres qui n'est pas membre de l'union monétaire.
"Notre position, c?est ni +Brexit+, ni veto britannique sur l?intégration future de la zone Euro", a répété jeudi le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Harlem Désir.
A Downing Street, on affiche un certain optimisme: "Nous pensons avoir fait beaucoup de progrès et nous allons à ce sommet pour enfoncer les derniers clous des détails restants", a assuré un responsable gouvernemental britannique.
Mais pas de quoi convaincre l'influente presse eurosceptique: "Deux millions de migrants européens volent nos jobs", martelait jeudi le Daily Express.
Ni le chef du parti anti-immigration Ukip, Nigel Farage, qui dénonce d'ores et déjà un accord "franchement pitoyable".
-Migrants: Merkel isolée-
Angela Merkel, elle, arrive affaiblie à Bruxelles, de plus en plus isolée au sein de l'Union sur la crise des réfugiés.
La chancelière a exhorté mercredi ses collègues européens à une action "commune" pour protéger les frontières extérieures de l'Union au moment où la politique d'ouverture de l'Allemagne suscite des critiques de plus en plus vives.
Les Européens n'ont pu jusqu'ici se répartir que quelque 500 réfugiés arrivés en Grèce et en Italie sur un total de 160.000 qu'ils avaient fixé en septembre, et la proposition allemande de créer un mécanisme permanent de répartition a été enterrée.
La chancelière comptait discuter des réfugiés avec l'Autriche, un groupe de pays "volontaires" de l'UE et surtout la Turquie, en première ligne, mais le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a annulé sa visite prévue à Bruxelles après un attentat sanglant à Ankara.
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