Au lendemain de cette nuovelle attaque meurtrière sur le sol turc en quelques mois, le Premier ministre Ahmet Davutoglu a attribué l'attaque à un Syrien de 23 ans, identifié comme Salih Necar, et affirmé qu'elle avait été planifiée par le PKK et les Unités de protection du peuple (YPG), les milices kurdes de Syrie.
"Cette attaque terroriste a été commise par des éléments de l'organisation terroriste (PKK) en Turquie et un milicien des YPG", a déclaré M. Davutoglu devant la presse.
Le chef de la principale formation kurde en Syrie, le Parti de l'union démocratique (PYD), Saleh Muslim, a démenti à l'AFP "toute implication" de son bras armé, les YPG. L'un des chefs du PKK a lui aussi réfuté ces allégations.
Selon l'état-major turc, l'attentat a visé un convoi de bus militaires arrêté à un carrefour en plein coeur de la capitale turque, où sont localisés de nombreux ministères, l'état-major des armées et le Parlement notamment.
D'une violence telle qu'elle a été entendue dans une bonne partie de la ville, la déflagration a tué au moins 28 personnes et en a blessé 65 autres, dont une trentaine étaient toujours hospitalisées jeudi matin, selon le commandement militaire.
Jeudi matin, de nombreux policiers s'affairaient sur le site de l'explosion, encore recouvert d'éclats de verre et de débris et protégé par un imposant dispositif de sécurité.
Depuis samedi, l'artillerie turque bombarde à un rythme quotidien des positions tenues par les YPG, qui ont profité de l'offensive des forces du régime de Damas dans la province d'Alep (nord), appuyées par les raids aériens russes, pour prendre le contrôle de nouveaux territoires proches de la frontière turque.
- 'Lien direct' -
Mercredi, "sous la supervision des autorités turques", au moins 500 rebelles syriens ont traversé la frontière turque pour se rendre à Azaz dans la province d'Alep (nord de la Syrie) pour "prêter main forte aux insurgés face à la progression des forces kurdes", selon le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme.
Le gouvernement islamo-conservateur d'Ankara accuse les YPG et le PYD d'être des organisations "terroristes" car proches du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène depuis 1984 une lutte armée sur le sol turc.
"L'attaque a un lien direct avec les YPG", a insisté M. Davutoglu.
Selon les quotidiens Yeni Safak (progouvernement) et Sözcü (opposition), le kamikaze présumé d'Ankara, déchiqueté par l'explosion, a été identifié par la police scientifique grâce à ses empreintes digitales, enregistrées par les services de l'immigration lors de son entrée récente sur le territoire turc en tant que réfugié.
La police turque a par ailleurs interpellé neuf personnes, a également rapporté jeudi M. Davutogflu, sans autres détails.
Quelques heures après l'attentat, l'aviation turque a mené une série de frappes contre des camps du PKK dans le nord de l'Irak. Ces bombardements ont visé le secteur d'Haftanin, non loin de la frontière syrienne, et tué 70 combattants du PKK, selon M. Davutoglu.
- 'Légitime défense' -
Dès mercredi soir, le président Recep Tayyip Erdogan avait promis une riposte. "Que l'on sache que la Turquie n'hésitera pas à recourir à tout moment, à tout endroit et en toute occasion à son droit à la légitime défense", avait-il indiqué dans un communiqué.
Un des principaux responsables du PKK, Cemil Bayik, a démenti jeudi tout lien de son mouvement avec l'attaque d'Ankara. "Nous ne savons pas qui l'a commis mais cela peut être une riposte aux massacres de la Turquie au Kurdistan", a avancé M. Bayik, interrogé depuis son repaire irakien par l'agence de presse prokurde Firat.
Après deux ans de cessez-le-feu, des affrontements meurtriers ont repris l'été dernier entre les forces de sécurité turques et le PKK dans le sud-est à majorité kurde du pays.
Jeudi matin, un convoi militaire a été visé par une attaque dans la province de Diyarbakir, tuant au moins six soldats et faisant de nombreux blessés, a-t-on appris auprès des services de sécurité.
Ces combats ont fait de nombreuses victimes dans les deux camps et tué plus de 200 civils. Ils ont également fait voler en éclats les pourparlers de paix engagés par le gouvernement à l'automne 2012 pour tenter de mettre un terme au conflit kurde, qui a fait plus de 40.000 morts depuis 1984.
L'attentat d'Ankara a contraint MM. Davutoglu et Erdogan à annuler deux visites prévues à leur agenda jeudi, respectivement à Bruxelles et Bakou (Azerbaïdjan).
La Turquie est sur le qui-vive depuis plusieurs mois à la suite d'une série d'attentats qui a visé son territoire, attribués par les autorités au groupe jihadiste de l'Etat islamique (EI).
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