Pour ses fidèles, Moon était l'envoyé de Dieu, pour ses contempteurs, un charlatan. A son décès en 2012 à l'âge de 92 ans, il a laissé derrière lui un culte considéré par certains comme une secte ainsi qu'un vaste empire économique.
Les enseignements de l'Eglise de l'Unification, célèbre pour ses mariages collectifs de masse, sont fondés sur la Bible, avec des interprétations nouvelles. Moon expliquait qu'il poursuivait la mission inachevée de Jésus afin que l'humanité parvienne à un stade de pureté "sans péché".
Sa vie et son ?uvre sont au coeur d'une exposition qui se tient au musée Cheon jung Gung de l'Eglise de l'Unification.
Ce bâtiment néo-classique imposant, qui présente une ressemblance frappante avec le Capitole américain, est niché sur une colline au quartier général du culte, dans la localité sud-coréenne de Gapyeong.
Le musée est d'ordinaire fermé au public. Mais l'une de ses galeries a été exceptionnellement ouverte à la presse cette semaine pour célébrer l'anniversaire partagé dans le calendrier lunaire par Moon et sa veuve, Hak Ja Han, connus des fidèles comme Père véritable et Mère véritable.
L'exposition se veut l'illustration des hauts faits du couple et comprend de multiples "reliques" qui témoignent du culte de la personnalité né au fil des années autour du fondateur de l'Eglise.
- Soda de collection -
Un canette vintage de Coca-Cola partiellement bue par Moon peu après son "saint mariage" avec son épouse en 1960 figure ainsi en bonne place.
Le commentaire - en coréen, en anglais et en japonais - rédigé à la façon d'une parabole biblique explique qu'après y avoir trempé ses lèvres, Moon a donné l'objet à un fidèle, Kim Hwee-Ok, pour qu'il étanche sa soif.
"Lorsque Père véritable donna cette canette, il dit: +elle ne doit jamais être perdue+ et il ajouta: "Si elle est perdue, vous en serez rendu responsable. Alors, Kim Hwee-Ok la garda précieusement".
Deux emballages de barre chocolatée soigneusement repassés sont exposés à côté d'un mouchoir en papier, reliefs d'un en-cas pris par Moon lors d'une longue séance de prière en octobre 2007.
"Les séances de prières duraient en général cinq ou six heures mais une fois, il a tenu 23 heures", souligne Park In-Gyeong, le "commissaire" de l'exposition.
Le musée, ouvert en 2006, accueille environ 30.000 fidèles ou invités annuels, dit-il.
Un pan de l'exposition, intitulé "Souffrances", est consacré aux périodes de détention de Moon, en Corée du Nord, en Corée du Sud et aux Etats-Unis, où il purgea près de 12 mois de prison en 1984 pour évasion fiscale.
- Cadeaux du monde entier -
Né en 1920 dans l'actuelle Corée du Nord, Moon avait été condamné en 1948 à cinq ans de travaux forcés dans le camp de Heungnam par le régime communiste pour des prêches publics.
Le visiteur peut admirer une paire de chaussettes noires tissées à l'aide des cheveux d'une fidèle, Ok Se-Hyeon. "Le Père véritable portait en prison ces chaussettes qui lui tenaient chaud même pendant les journées d'hiver les plus froides", dit la notice explicative. "Imprégnées de sa sueur, de son sang, de ses larmes", ces chaussettes rappellent comment "servir le Père véritable avec dévotion".
Dans la même veine, "Cheveux du Père véritable et serviette humide" montrent des mèches de l'intéressé coupées en 2009 par son épouse, qui faisait office de coiffeuse personnelle du chef de culte.
Une autre partie de l'exposition est consacrée aux cadeaux reçus par Moon et Han de la part de leaders divers et variés, y compris le fondateur de la Corée du Nord et son fils, Kim Il-Sung et Kim Jong-Il, le dernier dirigeant de l'Union soviétique Mikhail Gorbatchev et les anciens présidents américains George Bush et Bill Clinton.
Moon était un anti-communiste fervent mais il s'était rendu en Corée du Nord en 1991 pour discuter avec Kim Il-Sung de la réunification de la péninsule divisée.
Au décès de Moon, le dirigeant actuel de la Corée du Nord, Kim Jong-Un, avait envoyé un message personnel de condoléances à sa veuve, à qui il a ensuite offert en 2013 un couple de chiens de chasse Pungsan.
Le fondateur du culte aimait la vie au grand air et une importante partie de l'exposition dépeint son amour pour la pêche. Trône ainsi en bonne place un gigantesque saumon d'Alaska empaillé, pêché par ses soins.
"Il considérait la pêche comme un moyen de méditer", dit le porte-parole de l'organisation religieuse, Steve Sakuwa. "Il pouvait passer 11 heures à pêcher sans s'arrêter. Il se fixait un objectif et pêchait jusqu'à ce qu'il l'atteigne".
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